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CHAPITRE III.

Nouveaux voyages à Péking. — Martyre de Pierre Tsio et de sa femme Thérèse, en 1819 — Persécution de 1827 : les confesseurs de Tsien-tsiou.


Au milieu des angoisses et des dangers de la persécution, les chrétiens de Corée sentaient plus vivement que jamais la nécessité d’obtenir des prêtres, et multipliaient les tentatives pour arriver à ce but si désiré. En voyant les sacrifices qu’ils s’imposèrent, les efforts qu’ils ne cessèrent de renouveler, efforts et sacrifices si longtemps inutiles, nous ne pouvons mieux les comparer qu’aux juifs fidèles appelant de tous leurs vœux la venue du Messie, et trouvant dans cette attente, l’unique consolation aux maux qui accablaient leur patrie. Comme eux, les néophytes coréens comprenaient que le salut ne pouvait leur venir que de l’envoyé de Dieu. Bien que peu instruits, ils connaissaient assez la religion pour savoir que les sacrements institués par Jésus-Christ sont nécessaires pour former et maintenir de véritables chrétiens ; et cela seul nous explique leur invincible persévérance à réclamer des pasteurs, que le malheur des temps ne permettait pas de leur envoyer. Vers la fin de 1816, on parvint à préparer une nouvelle députation à l’évêque de Péking, et Paul Tieng, porteur des supplications et des vœux de ses frères, se chargea, pour la première fois, de cet office d’ambassadeur qu’il devait ensuite si fréquemment remplir. Déjà nous avons eu à citer quelques-uns de ces chrétiens courageux qui, au péril de leur vie, avant l’arrivée du P. Tsiou en Corée, pendant son séjour, et après son martyre, entretinrent ou renouèrent les communications avec l’église de Chine ; mais aucun d’entre eux n’est resté aussi populaire que Paul Tieng, qui, pour le salut de tous, se dévoua à cette œuvre avec un zèle et une énergie indomptable. Voici quelques détails sur son histoire.

Né en 1795, Paul descendait d’une des plus illustres familles de la Corée, et ses ancêtres avaient souvent été honorés des grandes dignités du royaume. Mais son plus beau titre de noblesse était d’être le fils du célèbre Augustin Tieng Iak-tsiong, et le frère cadet de Charles Tieng, qui avaient tous les deux, en 1801, souffert la mort pour rendre témoignage à Jésus-Christ. À cette