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siang ; et trois autres dont les noms ne nous ont pas été conservés. Cependant, comme il n’y a ni témoins oculaires, ni documents écrits, concernant ce qui s’est passé alors dans cette partie reculée de la province de Kieng-siang, nous n’osons rien affirmer positivement. Les prisonniers qui, constants dans leur confession de foi, survécurent à la faim et aux tortures, furent bientôt envoyés à la grande ville de Tai-kou, chef lieu de la province. C’étaient André Sie avec sa femme Barbe T’soi, et son beau-fils François T’soi Ie-ok-i ; Alexis Kim Si-ou-i ; Pierre Ko et son frère cadet Joseph Ko ; et enfin Agathe-Madeleine Kim. Disons quelques mots de chacun d’eux.

Nous ne savons rien sur André Sie, grand-père maternel des Pak de San-kol, sinon qu’après avoir supporté les supplices avec une constance inébranlable, il mourut en prison avant l’exécution de la sentence capitale portée contre lui. Sa femme Barbe Tsoi, plus connue des chrétiens sous le nom de veuve Sie, était, dit-on, originaire de Hannai-tsang-pel, district de Hong-tsiou. Elle avait un extérieur agréable, un caractère doux et patient, et se faisait remarquer par une vertu peu commune. Convertie dès avant 1801, elle perdit son premier mari et épousa en secondes noces André Sie. Prise le jour de Pâques, elle eut, au moment même de son arrestation, à supporter de violentes tortures ; ce qu’elle fit courageusement. Un peu plus tard, elle fut si horriblement maltraitée par les coups du bâton triangulaire, que, de retour à la prison, elle semblait faiblir dans sa résolution, et pencher vers l’apostasie. Son beau-fils François T’soi vint alors à son aide, la consolant, l’exhortant à ne pas manquer une si belle occasion, lui parlant avec émotion du bonheur qu’ils auraient de donner ensemble leur vie pour Dieu. Il fit si bien que toute tentation disparut, et qu’à dater de ce jour elle demeura ferme au milieu des diverses tortures. On la transféra à Tai-kou avec les autres confesseurs.

François T’soi Ie-ok-i, connu de plusieurs sous le nom de Tsin-kang-i, son nom d’enfance, était beau-fils des époux ci-dessus. Natif de Tarai-kol au district de Hong-tsiou, il se convertit avec sa mère, et vint habiter dès lors dans les montagnes de Mou-sieng-san. Lorsqu’il apprit le séjour du P. Tsiou à la capitale, il s’y rendit avec sa mère et sa sœur ; sa mère put participer aux Sacrements, et recevoir l’Extrême-Onction à l’heure de la mort. Sa sœur resta ensuite à Séoul, chez Augustin Tieng, tandis que lui se retira en province. Il avait d’abord eu l’intention de vivre dans le célibat, mais l’exemple de son cousin germain, et les exhortations de