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huitième lune, à Eu-sil, district de Ien-san, où il avait fui, et conduit à Kong-tsiou. Il supporta courageusement de violents supplices, et quoique les tortures de la faim et de la soif, lui eussent arraché, un instant, quelques signes d’apostasie, il se rétracta presque aussitôt, grâce aux exhortations de ses compagnons de captivité, et redevint plus ferme que jamais.

Réuni dans la prison à Paul Hoang, il partagea les mêmes souffrances, et tous deux méritèrent d’être ensemble condamnés à mort. Quand ils se rendirent au supplice, la foule les poursuivait de sarcasmes et de plaisanteries grossières ; mais Mathias, sans changer de couleur, et sans perdre son calme, leur répondit à haute voix : « Vous ne devriez pas rire, mais bien plutôt pleurer, car c’est votre sort et non pas le nôtre qui est réellement misérable. » Tous deux furent décapités ensemble, le 19 de la dixième lune de cette année kiei-iou, 1813. Paul avait cinquante-neuf ans.

À ces trois noms, il faut ajouter celui d’un autre confesseur de la foi, auquel Dieu n’accorda pas la palme du martyre. Ioun Saing-ouen de famille noble, qui commençait à peine à pratiquer la religion, et n’avait encore appris que l’Angélus, fut aussi arrêté à la même époque, au district de Ien-san, et transféré à Kong-tsiou. Aucun supplice ne put lui arracher une parole d’apostasie, et il aurait dû partager le sort des précédents ; mais comme il s’était fait un nom par une piété filiale tout à fait extraordinaire, le gouverneur dut, d’après les usages du pays, diminuer sa peine, et le condamna seulement à l’exil dans une province du Nord. Il y resta jusqu’en 1832 ; à son retour il s’instruisit à fond de la vraie doctrine, et la pratiqua fidèlement jusqu’à sa mort.

Tous les autres chrétiens prisonniers ayant été relâchés ou exilés, cette affaire n’eut pas d’autres suites.


Le peu de succès du précédent voyage de Péking avait affligé les chrétiens, sans leur ôter l’espérance, et les principaux d’entre eux voulaient, à l’ambassade suivante, faire une nouvelle tentative. Mais, plusieurs personnes qui avaient contribué à la première, refusèrent cette fois leur concours, et la difficulté de se procurer des fonds occasionna un retard considérable. Toutefois, en frappant à de nouvelles portes, tant à la capitale que dans les provinces, on parvint à recueillir de quoi subvenir aux frais d’une seconde expédition, et Jean Ni Ie-tsin-i, s’exposa de nouveau aux fatigues et aux périls de cette longue route. Il partit à la fin de l’année 1813, et cette fois encore, par une protection spéciale de Dieu, il arriva sans accident à Péking. Mais les désirs de la