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de pratiquer la religion ; ils s’y porteraient avec ardeur, comme les eaux qui, descendant des montagnes, se précipitent dans les vallées,

« 2o Notre royaume, limitrophe de l’empire de Chine dont il est tributaire, est situé à l’extrémité du monde ; il a des mœurs particulières auxquelles il est très-attaché. La sortie et l’entrée sont strictement défendues, surtout depuis la persécution ; les sentinelles veillent avec cent fois plus d’attention qu’auparavant. Nous avons appris d’ailleurs qu’il y a aussi une persécution à Péking. Si donc on veut délivrer nos âmes, il faut nous envoyer le remède par mer, il n’y a pas d’autre voie sur laquelle on puisse compter. Notre royaume n’est abordable par terre que vers le Nord, les trois autres côtés sont entourés par la mer. De nos rivages à la province de Chang-tong en Chine, il n’y a pas cent lieues, de sorte que quand le vent souffle de cette partie, nous pourrions quasi entendre le chant du coq. La partie méridionale de notre royaume n’est éloignée de la province de Nanking que de quelque mille lys (quelques centaines de lieues), et par conséquent de trois cents ou quatre cents lieues seulement de Macao, où la sainte religion est publique. Si de Macao l’on expédiait un vaisseau qui passât entre la province de Nanking et l’île de Liéou-kiéou, prenant au nord, en peu de jours il pourrait arriver à notre côte méridionale. De là à notre capitale, il n’y a pas plus de dix lieues. Quoique cette mer occidentale soit peu profonde, les petits navires peuvent y passer ; nous ne pouvons donc attendre de secours que de ce côté ; c’est pourquoi nous supplions humblement Votre Sainteté de s’occuper promptement de l’objet de notre demande.

« 3o Lorsque de gros temps obligent quelques navires étrangers à toucher nos côtes, on ne leur permet pas d’y demeurer. On a soin de ne pas les laisser seuls ; on veille continuellement sur eux ; et on les force à partir le plus promptement possible. C’est pourquoi il faudrait que sur le vaisseau que nous demandons, il y eût un homme prudent, capable, expérimenté, sachant bien écrire les caractères chinois, afin que nous puissions, par ce moyen, nous entendre avec lui. En outre, il convient que le Souverain-Pontife et le Roi[1], envoient des présents et des lettres pleines d’honnêteté à notre roi. Ils feront bien de dire dans ces lettres, que leur unique intention est qu’on n’adore qu’un seul Dieu, que la sainte religion soit annoncée, que tous les hommes

  1. Le roi de Portugal de qui dépend Macao.