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peu de ferveur et l’énormité de nos péchés ? C’est pourquoi maintenant, nous frappant la poitrine avec une crainte profonde et une douleur sincère, nous prions très-humblement le grand Dieu qui s’est incarné, qui est mort en croix, qui a plus de sollicitude pour les pécheurs que pour les justes, et Votre Sainteté qui tient la place de Dieu, qui a soin de tout le monde, et délivre véritablement les pécheurs. Nous avons été rachetés, nous avons quitté les ténèbres ; mais le monde afflige nos corps ; le péché, la malice oppriment nos âmes. Nous n’avons pas de moyen de recevoir le bienfait du baptême[1] et de la confession ; nous ne pouvons participer au sacrifice du très-saint Corps de Jésus-Christ ; notre désir est grand, mais quand sera-t-il rempli ? Nos larmes et nos gémissements, nos afflictions sont de peu de valeur, mais nous considérons que la miséricorde de Votre Sainteté est sans bornes et sans mesure, qu’en conséquence elle aura compassion des ouailles de ce royaume qui ont perdu leur pasteur, et qu’elle nous enverra des missionnaires, le plus tôt possible, afin que les bienfaits et les mérites du sauveur Jésus soient annoncés, que nos âmes soient secourues et délivrées, et que le saint nom de Dieu soit glorifié partout et toujours.

« 1o Anciennement, nous n’avions rien entendu dire de ce qui appartient aux autres nations, mais, depuis quelques années, à l’occasion de la propagation de la sainte Religion, nous avons eu connaissance des choses d’Europe. Nous avons beaucoup de plaisir à en parler entre nous. Tout notre royaume admire la science des Européens dans les mathématiques, et l’habileté de leurs artistes. D’ailleurs, depuis quelque temps la population avait augmenté, et en conséquence la pauvreté, la famine, et la misère. Excepté quelques docteurs entêtés, ennemis de la religion ; excepté quelques prosélytes de Fo également opiniâtres, tout le monde, fatigué de tant de calamités, gémissait et désirait être instruit de la sainte Loi. Cependant par l’effet de la faiblesse naturelle, et le défaut de moyens, la religion n’avait pas fait beaucoup de progrès, lorsque tout à coup s’éleva la grande persécution. Tous les plus instruits et les plus vertueux furent mis à mort. L’affliction que les autres en ressentent fait voir que leurs sentiments n’ont pas changé, mais la prohibition légale, les tourments, la mort dont ils sont menacés, et dont ils ont vu de terribles exemples, les effrayent. S’il paraissait un homme de courage pour les animer, il semble certain qu’ils s’empresseraient

  1. Il est évidemment question ici du baptême solennel.