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la persécution, mais sans quitter la capitale, aidant secrètement les prisonniers de son argent et, autant qu’il le pouvait, s’occupant nuit et jour de leurs affaires et de celles de leurs familles. La persécution terminée, il lutta de toutes ses forces contre le découragement général, allant de côté et d’autre exhorter les chrétiens, secouer leur apathie, dissiper leurs craintes, et les ramener à leurs exercices de piété.

Dans la province de Nai-po, Maur T’soi Sing-tok-i, de la famille des T’soi de Tarai-kol, homme instruit, fervent et résolu, exerça le même ministère de charité. Non content de rétablir les communications entre les chrétiens des divers villages, il multiplia de sa propre main les copies de livres de religion, afin de procurer à tous le moyen de s’instruire, et contribua plus que tout autre à remettre sur pied cette importante chrétienté.

Signalons encore, comme ayant pris une part active à ce mouvement de rénovation : Jean Ni Ie-tsin-i, son cousin Pierre Sin Tai-po, Hong ou Song-i, fils de Luc Nak-min-i, et Jean Tieng Iak-iong, qui avait eu la faiblesse, d’apostasier pendant la persécution, mais qui, touché d’un sincère repentir, travaillait à expier son crime en se dévouant de toutes ses forces à l’œuvre commune. Leurs efforts ne furent pas inutiles. Non-seulement les chrétientés se reformèrent peu à peu, non-seulement le très-grand nombre des apostats vinrent à résipiscence, mais la propagation de l’Évangile reprit une nouvelle vigueur ; les conversions de païens recommencèrent, et de nouveaux fidèles comblèrent bientôt, et au delà, les vides faits par la persécution.

Ce premier pas une fois fait, la grande pensée, le principal désir de tous, fut d’obtenir de Péking un nouveau pasteur. Ceux qui avaient eu autrefois le bonheur de participer aux sacrements, se rappelaient la force que l’âme y puise, et les consolations qu’elle y éprouve. Ceux qui n’avaient jamais pu jouir de cette faveur, pressés d’une sainte jalousie, voulaient, à leur tour, obtenir le pardon de leurs péchés, et prendre place au banquet du Seigneur. Tous, en un mot, sentaient vivement le besoin d’un prêtre, et appelaient son arrivée de tous leur vœux. L’entreprise présentait de grandes difficultés. Jean Ni s’offrit pour courir les chances et subir les fatigues du voyage de Péking. Il se résolut à déguiser son rang de noble, et à se mêler aux marchands ou aux valets qui accompagnaient l’ambassade, malgré toutes les avanies et tous les mauvais traitements auxquels il devait s’attendre en conséquence. Rendus plus prudents par les désastres et les trahisons des années précédentes, les principaux chrétiens s’arrangèrent de