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Enfin, Sin Koang-sie, natif de Han-té, au district de Tieng-sa, émigré près de Tsien-tsiou, fut traduit devant le tribunal de cette ville, et y eut la tête tranchée, en compagnie de Ni Kouk-i et de deux ou trois autres confesseurs.


Cette liste des victimes de la persécution de 1801, quelque longue qu’elle soit, est loin d’être complète. L’homme le plus à même de bien connaître les événements, Tieng Iak-iong, porte à deux cents au moins le nombre des martyrs. Alexandre Hoang assure que, dès la fin d’octobre, les païens estimaient à trois cents les exécutions qui avaient eu lieu, dans la capitale seulement. Jamais pareille boucherie n’avait ensanglanté les tribunaux du pays. Malheureusement beaucoup d’écrits originaux ont disparu. Les missionnaires européens, arrivés trente ans plus tard, eurent, en entrant en Corée, autre chose à faire d’abord que de recueillir les anciennes traditions au sujet des martyrs ; et quand, longtemps après, Mgr Berneux, devenu vicaire apostolique, s’occupa le premier de réunir tous les documents authentiques, un grand nombre de témoins oculaires de la persécution étaient morts, et avaient emporté avec eux dans la tombe des souvenirs à jamais perdus.

Nous avons donc à regretter bien des détails édifiants, bien des exemples de charité héroïque, qui ne seront connus et glorifiés que dans le ciel. Nous avons à regretter surtout l’impossibilité où l’on se trouve maintenant de constater d’une manière juridique un grand nombre de miracles, dont il ne reste plus qu’un vague souvenir. Dans le cours du récit, nous avons noté ceux seulement qui ont un certain caractère d’authenticité ; mais, s’il faut en croire la tradition générale. Dieu en fit beaucoup d’autres pour glorifier les confesseurs, et protéger leurs précieuses reliques. Un fait hors de doute, c’est que les païens, aussi bien que les chrétiens, croient encore aujourd’hui à la fréquence et à la réalité des prodiges qui eurent lieu à cette époque.


Les païens, aussi bien que les chrétiens, remarquèrent également la punition frappante de quelques-uns des persécuteurs. Le ministre Hong Nak-an-i, ennemi acharné des chrétiens, toujours le premier à élever la voix contre eux, fut, on ne sait pourquoi, exilé à l’île de Quelpaert, où il mourut après vingt ans de détention.

Le frère de l’apostat Pierre Seng-houn-i, nommé Ni Tsi-houn-i, qui avait été, lui aussi, très-hostile à la religion, mourut en exil à l’île de Ke-tsiei.