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pas épargnées, confessa de nouveau la religion chrétienne. Après environ dix mois de détention, il fut condamné à mort et renvoyé à Iang-keun pour y être exécuté. Le 27 de la douzième lune (30 janvier), sa tête tombait sous le sabre ; il était alors dans la trente-troisième année de son âge.

Le même jour encore, dans la grande ville de T’siong-tsiou, autrefois capitale de la province de T’siong-t’sieng, la foi de Jésus-Christ eut de nouveaux témoins.

Le premier était un noble nommé Ni Kei-ien-i, qui avait été exilé, après apostasie, à la fin de l’année précédente. Rappelé de son exil, il subit avec plus de courage de nouveaux interrogatoires, et eut le bonheur, cette fois, d’être condamné à mort. Il fut décapité à l’âge de soixante-trois ans.

Trois autres confesseurs, que Ni Kei-ien-i avait lui-même convertis et instruits des vérités de la religion, l’accompagnaient au supplice ; c’étaient Ni Pou-tsioun-i, Ni Siek-tsiong-i, et une femme nommée Ni Aki-nien-i.

Ni Pou-tsioun-i, prétorien de cette même ville, homme d’une certaine éducation, d’une grande facilité de parole et d’un extérieur avantageux, s’était toujours montré très-attaché à sa foi, et fidèle à en observer les pratiques. Ni Siek-tsiong-i était fils du précédent et, comme lui, fervent chrétien. Bien qu’il exerçât le métier de marchand, métier très-dangereux dans ce pays pour la conscience, il savait mettre avant tout les intérêts de son âme, et s’occupait de gagner le ciel, bien plus que de gagner des richesses périssables. Le père et le fils avaient été arrêtés à des époques différentes, mais leur constance fut la même dans les supplices, et ils firent l’étonnement des païens qui ne connaissaient pas encore les prodiges qu’opère la grâce divine dans le cœur des fidèles. Ils furent décapités ensemble. Le premier avait soixante-huit ans, et le second vingt-neuf ans.

Ni Aki-nien-i, fille de prétorien, fut mariée dans cette même classe, et perdit son mari après en avoir eu deux fils. Quoique ceux-ci refusassent de pratiquer la religion, la veuve chrétienne n’en fut pas moins un modèle d’assiduité à ses devoirs et à ses exercices de piété. Jamais, dit-on, la moindre froideur ou la moindre paresse ne se fit sentir chez elle ; aussi Dieu daigna-t-il récompenser sa noble persévérance. Il permit qu’elle fût arrêtée comme chrétienne et que, dans d’horribles supplices, son calme et son courage fissent l’honneur de la religion. Elle eut la tête tranchée, avec les autres martyrs que nous venons de nommer, le 27 de la douzième lune (30 janvier).