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François travaillait à obtenir la grâce de Dieu. À la persécution, beaucoup de livres copiés de sa main ayant été saisis, il fut tout d’abord signalé aux mandarins. Deux traîtres, feignant d’être attirés par sa réputation, vinrent examiner sa maison sous prétexte d’acheter quelques livres, et bientôt après, amenèrent les satellites pour le prendre. François fut d’abord conduit à sa propre ville de Tek-san. Le juge lui promit de le mettre immédiatement en liberté, s’il voulait apostasier ; mais il répondit : « Moi qui sers le grand Dieu du ciel, comment pourrais-je le renier ? » Le mandarin lui infligea quelques tortures, le dégrada au rang de satellite, et le renvoya à la prison. Cité de nouveau, François montra la même constance sous les coups, et fut condamné à l’avilissant office de fustigateur ; mais il ne se laissa pas ébranler et écrivit à ses enfants : « Appuyé sur l’assistance de Dieu et de sa sainte Mère, tâchez de passer votre vie chrétiennement, et n’ayez pas la pensée de me revoir. » C’est que son parti était pris, et son sacrifice déjà consommé dans son cœur.

À la dixième lune, transféré au tribunal criminel de Hai-mi, il reçut quatre-vingt-dix coups de la planche à voleurs. Les supplices ne pouvant vaincre sa constance, il fut, à la douzième lune, renvoyé à Tsieng-tsiou, chef-lieu militaire de la province. Ce voyage fut pour lui une cruelle torture. Par un froid rigoureux, chargé d’une lourde cangue, et alors que ses blessures n’étaient pas encore fermées, il dut parcourir à pied l’espace de 480 lys. Ses cheveux blancs étaient épars sur ses épaules, le sang coulait de ses plaies, mouillait ses habits et les collait sur la peau, en sorte que chaque pas, chaque mouvement, lui causaient des souffrances aiguës. Cet horrible voyage dura trois jours, pendant lesquels la résignation et le calme de François ne le quittèrent pas un seul instant. Il fut de suite condamné à mort, et le 22 de la douzième lune (25 janvier), après avoir été donné en spectacle sur le marché et frappé de quatre-vingt-un coups de planche, il rendit doucement son âme à Dieu. Jusqu’à la fin, disaient des témoins oculaires, sa foi, son espérance et sa charité parurent des plus vives, et son cœur ferme comme le fer et la pierre. Il était âgé de cinquante-huit ans.

Avec lui fut aussi exécutée une chrétienne nommée Colombe, épouse d’un noble du nom de Ni, qui habitait à Piel-am, district de Tek-san ; nous n’avons sur sa vie et sa mort absolument aucun détail digne de foi.

Cinq jours après, au district de Po-tsien, ce fut le tour de Léon Hong, qui, arrêté avec son père François-Xavier Hong Kio-man-i,