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cipale accusation portée contre elle, était d’avoir confectionné un habit de deuil à Alexandre Hoang, pour l’aider à se soustraire aux perquisitions. Les trois autres compagnons de ces cinq martyrs sont restés inconnus.

Philippe et Jacques, les deux beaux-fils d’Antoine Hong, auxquels divers témoignages joignent aussi sa femme, le suivirent de près au supplice ; on ne sait pas quel jour. On ignore également la date précise du martyre des trois autres chrétiens : Pien Tenk-siong-i, le teinturier Kim Kieng-sie, et Pak, dont le fils Pak Mieng-koang-i, fut martyrisé à son tour en 1839. On sait seulement qu’ils souffrirent à la capitale, vers cette époque.


En vertu des ordres du gouvernement, un certain nombre d’exécutions eurent lieu également dans les provinces, pendant les derniers jours de cette année.

À Tsieng-tsiou, nous avons à citer le martyre de François Kim Sa-tsip-i. Né au village de Pépang-kotsi, district de Tek-san, d’une famille honnête, François s’était adonné aux lettres, et avait acquis en peu de temps des connaissances suffisantes pour concourir honorablement aux examens publics. Mais à peine eut-il été converti à la foi chrétienne, qu’il laissa de côté les sciences humaines, pour ne plus s’occuper que d’études religieuses. La prière et la lecture faisaient ses délices. Une conduite exemplaire, jointe à sa prudence naturelle et à ses rares talents, lui procura bientôt beaucoup de réputation et d’autorité dans le voisinage. Il profitait de son influence pour répandre la religion, exhortant les faibles, expliquant la doctrine aux ignorants, et ses paroles étaient d’autant mieux accueillies, qu’il était le premier à les mettre en pratique. Il faisait volontiers l’aumône. Se procurait-il un habillement neuf, il donnait de suite au plus pauvre celui qu’il dépouillait. Il secourait avec sollicitude les nécessiteux de son village, et s’il entendait dire qu’une femme en couches ou quelque pauvre infirme ne pouvaient se procurer les petits soulagements nécessaires, il les lui envoyait sur-le-champ, en sorte que tous les malheureux et les délaissés le regardaient comme un père. Non moins dévoué envers ses parents, il ne manqua jamais de remplir minutieusement ses devoirs envers eux, et à leur mort, observa strictement l’abstinence pendant tout le temps du deuil, c’est-à-dire deux ans entiers. Habile en calligraphie, il copiait beaucoup de livres de religion, et donnait gratis les plus nécessaires aux chrétiens qui n’avaient pas le moyen d’en acheter.

C’est ainsi que par une vie toute pleine de bonnes œuvres,