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mystérieux, dissipa toutes les vapeurs sombres et malignes dont son ennemi l’entourait[1].

« Tous ces reins turbulents ayant été domptés, et tous ces gosiers de désordre ayant été coupés, les fondements du mal ont disparu, et toute l’horrible secte a été anéantie. Femmes ou lettrés, grands ou petits, tous les vils agents de la bande ont reçu le salaire de leurs crimes. Mais sans la protection des génies du ciel et de la terre et des génies de nos ancêtres, le royaume eût-il pu rester sur pied jusqu’aujourd’hui ? Pour moi, j’ai toujours entendu dire que le ciel matériel s’appelle ciel, et celui qui le gouverne, empereur, et en tout j’adhère à la pure doctrine orthodoxe. Mais ces affreux rebelles parlent faussement de ceci et de cela, et induisent en erreur sur toute espèce de questions.

« Bien plus, leur doctrine est très-fourbe, très-artificieuse et très-peu profonde ; leurs actes sont très-imprudents et très-corrompus ; toutes leurs paroles sont vaines et futiles. Ce qu’ils disent des esprits, n’est qu’un ramassis de la lie de Siek-si (doctrine de Fo), et le mélange qu’ils en font est tout semblable au langage des sorciers. Quant aux livres par lesquels ils trompent le peuple, détruisent les rapports naturels et tous les principes, sous le règne des dynasties les plus florissantes, on eût pu seulement les livrer au feu ou à l’eau, mais pour ceux qui désormais en adopteraient un seul article, on doit savoir qu’ils sont bien au-dessous des chiens et des pourceaux. Ils portent leur aveuglement jusqu’à vouloir mourir, comment ne serait-ce pas opposé au sens commun ? Le tout bien considéré pendant nombre d’années, il nous paraît certain qu’ils ont au fond du cœur quelque autre but caché. À l’extérieur, ils s’appuient sur la magie, et à l’intérieur, couvent d’affreux projets. D’abord, ils mettent en avant le mot de religion sublime, et secrètement ils ourdissent une trame qui s’élèverait jusqu’au ciel. Finalement, ils regardent rois et parents comme des ennemis ; ils veulent réaliser librement leurs complots qui tournent à la ruine générale.

« Étant père du peuple, comment pourrions-nous ne pas descendre de notre char, et avoir l’envie de pleurer ? Vous, notre peuple, sachez comprendre le but de nos prières, et quel est notre dessein en ouvrant le filet pour vous laisser échapper. Vous tous, écoutez attentivement notre voix, afin que tous, revenus au bien, s’efforcent de pratiquer la vertu ; que le sujet pense à la fidélité, le fils à la piété filiale, que la femme s’applique au

  1. Allusion à quelques légendes ridicules de l’histoire chinoise.