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profitant tout d’abord du moment où nous montions sur le trône dans un âge tendre, purent se remuer, et, depuis le décès du feu roi, leur audace ne fit qu’augmenter. Hélas ! un germe de trouble existait, tout le monde désignait du doigt le danger, et bientôt la révolte arriva à un tel point, que tout ne tenait plus qu’à un fil. C’est effrayant ! Un être comme Sa-ieng-i (Alexandre Hoang) au cœur de tigre, à la figure et à l’œil de chacal et de fouine, appuyé sur la réputation qu’il avait eue dans l’art magique et la sorcellerie, osa bien prendre la fuite, et, pour essayer de sauver sa petite existence, eut l’audace de prendre un morceau de soie et d’y écrire le détail de trois affreux stratagèmes. Vraiment ! comment a-t-il bien pu avoir la pensée d’ouvrir les portes des trois cents districts de ce royaume tout dévoué à la belle religion des lettrés, pour les livrer à des brigands étrangers ? Comment a-t-il bien pu appeler de quatre-vingt mille lys, les navires de l’Occident, et convenir du jour pour faire invasion dans ce pays ? Sa haine et sa rébellion sont cent fois au-dessus de celles de Iak-tsiong.

« Les rapports avec l’étranger se faisaient d’accord avec Hoang Sim-i ; Hien Kiei-heun-i semait l’agitation dans la province de Tsien-la ; Hang-kem-i faisait ses préparatifs, se mettait en action, et semait des milliers de taëls ; tous les bataillons de la mauvaise secte étaient donc organisés et fixés, c’était une affaire conclue pour en finir sur un seul champ de bataille. On peut voir par là les bases et l’étendue de cet horrible complot. En vérité, les quatre fameux rebelles, Koal, Ien, In, et Liang, n’auraient jamais pu concevoir de telles pensées ; les conspirateurs Oun, Hai, Ha, et Kong n’auraient pu agir de la sorte ; et toi, un être vivant entre le ciel et la terre, comment as-tu bien pu vouloir de telles choses ? Depuis toutes les anciennes dynasties Tang-koun, Kei-tsa, Sin-la, Korie, jusqu’aujourd’hui, jamais on n’entendit parler de telles atrocités.

« Mais notre clémente et sainte régente, n’ayant d’autres pensées que celles du feu roi, ne cherchant sa tranquillité que dans celle de tout le royaume, devina leur complot, et semblable en cela à la reine Nie-oa-si (en chinois, Niù-ouà-sy), qui eut le mérite de radouber la voûte du ciel[1], elle sut déjouer leur

  1. Dans les anciennes histoires de la Chine, il est dit que la reine Nie-oa-si s’étant battue avec Kong-koung, cette dernière saisit un des piliers du ciel, le renversa et fit ainsi un trou à la voûte céleste. Les eaux coulant par ce trou, l’inondation menaçait tout l’univers. Heureusement, Nie-oa-si sut trouver une pierre précieuse, parvint à la fixer à la voûte pour boucher le trou fatal, et rendit ainsi à l’humanité un service dont toutes les races de l’extrême Orient la remercient de génération en génération.