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finit par ne produire que de honteux et déshonnêtes pamphlets. Du reste ses yeux de guêpe et sa voix de loup ne pouvaient longtemps lui permettre de cacher la corruption et la méchanceté de son naturel. Le véritable chef était le fils de sa sœur, le rebelle Ni Seng-houn-i qui, pour propager et répandre le mal, unit ses efforts à ceux de son ami Piek-i. Toute cette race de vrais barbares sont ses disciples.

« Le méprisable Tsou-tsiang (Louis de Gonzague Ni), avec toute sa bande, faisait jouer sa langue comme une clarinette et protégeait secrètement les affreux projets de Ka-hoan-i. Il se montra au public et se fit remarquer de tous, et, quoique le roi, par une indulgence aussi large que le ciel et la terre, ait différé son supplice en lui pardonnant, il avait bien vu par sa perspicacité, aussi lucide que le soleil et la lune, le fond caché sous cet extérieur fourbe et sournois. En ce même temps Tsiou Moun-mo (le P. Tsiou) se présenta, pour appuyer la doctrine des Européens. Ayant d’abord pendant quelques années fait parvenir de ses nouvelles sur les frontières du Nord, il vint du Kiang-nan (province de Chine) à dix mille lys d’ici, et trompa la surveillance de la douane à Pien-men. Ce fut une guêpe venimeuse entrée dans la manche. Les individus Hoan (Sabas Tsi) et Il (Paul Ioun Iou-ir-i) lui prêtaient main forte de l’avant ; derrière lui, Sim (Thomas Hoang) et Hei (Ok Tsien-hei) étaient ses commissionnaires ; Oan-siou-ki (Colombe Kang), femme naturellement fourbe et corrompue, devint la maîtresse de sa demeure, et on acheta In-kir-i (Matthias T’soi) pour le faire livrer à la mort à la place du chef de la mauvaise religion. Le rebelle Ni In, voulant se frayer la route au trône, se fit du rebelle Im[1] un rempart au dehors, et, dépouillant en quelque sorte la grossière enveloppe du corps, il savait, quoique caché dans les montagnes, communiquer avec les gens restés à sa maison, et, de sa retraite de Kang-hoa, sur les bords de la mer, s’entendait secrètement avec les rebelles restés à l’intérieur, et connaissait l’état des choses.

« Quand les affreux projets de ces méchants commencèrent à se dévoiler, on osa bien dire par une fausse allusion aux annales de Chine, que les innocents calomniés étaient plus nombreux que dans l’affaire du complot sous la dynastie Tsong[2]. Les rebelles,

  1. Cet individu était un païen compromis dans l’affaire du prince exilé.
  2. Sous cette dynastie, il y eut en Chine une tentative de révolte, comprimée avec une barbarie sans exemple, et dont le souvenir s’est conservé dans la mémoire du peuple, à cause du grand nombre des victimes dont l’innocence fut plus tard reconnue.