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eux des gens de la classe marchande ; ils se sont recrutés parmi les cultivateurs et parmi les femmes ; puis détruisant et troublant l’ordre des différentes classes de la société, ont corrompu tous les usages. Par le moyen de deux ou trois caractères chinois, ils se donnent à chacun un nom secret pour se reconnaître[1]. Avec quelques feuilles de peintures déshonnêtes, ils ornent en secret leurs trous et lanières. Au milieu de la profondeur de la nuit, et dans les appartements dérobés, se pressant têtes sur têtes, ils récitent leurs livres et font la prédication ; et quelquefois aussi, paraissant au grand jour, ils agitent l’éventail au milieu de la foule assemblée. Ils se sont ainsi multipliés, bien plus que la bande du rebelle Kang-i-tsien-i, dissipée dernièrement. Qu’un jour quelque chose éclate, comment pourrait-ce n’être pas plus grave que l’affaire des troubles de Hoang-tsi[2] ?

« Seng-houn-i suivant l’ambassade de Péking, acheta et apportâtes livres dépravés et, allant au temple des Européens, devint le disciple de cette race étrangère. Iak-tsiong (Augustin Tieng), avec toute sa maison, avec son frère aine et son frère cadet, fut pris de la contagion. T’siel-sin-i (Jean T’soi), reste bâtard du rebelle Hei[3], s’y fit une réputation de savoir et de connaissances, Nak-min-i (Luc Hong), qui jouissait d’une dignité élevée à la cour, se fit général de la milice, et abjurant les bienfaits du roi, refusa jusqu’à la fin de changer ses idées perverses. Plus corrompu encore que T’siang-hien et Pil-kong-i, renversant le temple de ses ancêtres, et détruisant les relations naturelles, il surpassa aussi la malice invétérée de Tsi-tsioung-hi et de Sang-ien-i.

« Hélas ! même dans une famille brillante par sa fidélité, c’est Ken-sioun-i[4] qui abandonne les rites reçus, étudie les livres dépravés, se fait toucher le front (baptiser), reçoit un nom inconnu, détourne le sens des livres sacrés pour en confirmer une fausse doctrine, et finalement s’obstine à vouloir courber la tête sous le glaive de la loi.

« Ka-hoan-i, couvert des nombreux bienfaits de deux rois, a déshonoré par son imprudence sa dignité du deuxième degré ; quoiqu’il eût la réputation de grand lettré, son mesquin talent

  1. Le nom de baptême.
  2. Ces deux dernières phrases font allusion à quelques troubles partiels causés par la misère dans les années précédentes, mais de peu d’importance politique, puisqu’il n’y avait ni chefs influents ni complot sérieux.
  3. Ceci est une injure purement gratuite, car Jean T’soi n’appartenait ni de près ni de loin à la famille de Hei.
  4. Il s’agit ici de Josaphat Kim, lequel, ainsi que nous l’avons remarqué était de l’une des principales familles du parti No-ron, alors au pouvoir.