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tres préparèrent, sous forme de proclamation ou d’instruction au peuple, un compte rendu de la persécution et une apologie de leur conduite.


Voici cette pièce, qui fut promulguée le 22 de la douzième lune (25 janvier 1802) :

« Instruction contre la mauvaise religion, rédigée par le Tai-tiei-hak (maître des cérémonies et grand sacrificateur) Ni Man-siou sur l’ordre du gouvernement.

« Ainsi parle le Roi : Par la protection secrète dont le ciel et nos glorieux ancêtres entourent notre royaume, la racine du mal ayant été arrachée, et ses principaux chefs enfin terrassés, nous le faisons savoir à toute la cour et à notre peuple. C’est un bien dont les huit provinces doivent se féliciter ; c’est pour toutes les générations futures le développement assuré des principes naturels et sociaux. Le royaume concédé à Kei-tsa[1] jouissait d’une très-grande paix, depuis quatre cents ans, dans toute l’étendue de son territoire de deux mille lys et plus. Son peuple se compose de lettrés, de cultivateurs, d’artisans et de marchands ; ses livres classiques sont le Si-tsien et le Se-tsien[2], puis les livres de civilité, de rites et de musique. Ce que l’on présente à l’étude et à l’imitation du peuple, sont les enseignements de Io, Sioun, Ou, Tang, Moun-oang, Koung-fou-tse (Confucius), Meng-tse, Tsiang-tsa et Tsiou-tsa[3]. Les fondements de sa morale sont les relations de roi à sujet, de père à fils, d’époux à épouse, de vieillard à jeune homme et des amis entre eux.

« Pendant la longue succession des rois de notre royaume, les vertus de Tsiou-nam et So-nam se firent particulièrement remarquer, les principaux fondements des vertus et de la morale furent en honneur, et par le moyen d’une foule d’homme sages et célèbres, on fit ressortir le sens des livres sacrés, et on se transmit

  1. Voir, plus haut la lettre du roi de Corée à l’Empereur de Chine, troisième note, p. 210.
  2. Ce sont deux ouvrages historiques, en vers et en prose, arrangés en forme de Morale en action.
  3. L’empereur Io ne donna pas l’empire en héritage à ses propres enfants, mais à Sioun, à cause de sa vertu éminente. Ou fut aussi appelé au trône pour sa vertu. Tang et Moun-oang sont des empereurs également célèbres ; ce dernier, toutefois, ne régna pas réellement, car il refusa par conscience, dit-on, de prendre le royaume d’autrui ; mais son fils, Mou-oang, moins scrupuleux, étant devenu empereur, suivit l’usage de ce pays en donnant à son père le titre honorifique d’empereur. Tsiang-tsa et Tsiou-tsa sont des lettrés de grande réputation qui ont beaucoup complété la partie des Rites, et dont les institutions sont en usage jusqu’à ce jour en Corée.