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« Quant aux dépositions de Houang-sse-yung, elles ne sont pas absolument certaines, peut-être aura-t-on manqué de la pénétration et de la sagacité nécessaires pour distinguer le vrai du faux. Mais que les paroles de l’homme du royaume supérieur (du missionnaire qui était chinois) soient vraies ou fausses, de même que les dépositions de tous ces brigands, il n’est pas moins certain que, selon les règles de la prudence, vu les raisons que le petit royaume a de craindre, je ne pouvais m’exposer à laisser ces brigands impunis, comme aussi, en qualité de prince vassal de l’empire, je ne pouvais me dispenser d’en informer l’Empereur.

« Quoique tout ce verbiage semble annoncer l’importunité et le manque de respect, c’est la droiture et la franchise même. Tourné vers le nord, je tiens mes yeux fixés sur le ciel enveloppé de nuages, qui, j’espère, sera favorable à ce qui est en bas[1].

« Telle est l’origine et la fin des malheureux troubles qui ont eu lieu dans le petit royaume à l’occasion d’une secte de brigands corrupteurs qui ont été punis de mort.

« J’envoie, comme il est de règle, un de mes grands mandarins, appelé Tsao-youn-ta (Tso-ioun-tai), qui a la charge de Pan-tchung-chou-fou-chy. Le second se nomme Sin-mei-siou ; il a la charge de Ly-tsao-pan-chou. Ils se rendront à la capitale mère, portant ces dépêches qu’ils feront passer à l’honorable tribunal, le priant de les communiquera l’Empereur.

« Adressé au tribunal des Rites, la sixième année de Kia-king, le 20 de la dixième lune. »


À cette lettre, l’Empereur fit la réponse suivante :

« Le Tribunal des Rites a représenté que l’ambassadeur de la Corée appelé Tsao-youn-ta, et autres mandarins de l’ambassade, étant venus à Péking apporter le tribut, étaient chargés d’un placet, dont ce même tribunal a tiré une copie, qui m’a été présentée.

« Il appert de cet écrit que le roi qui a été établi par moi pour gouverner à titre de vassal de l’empire, étant encore fort jeune, des mauvais sujets de ce royaume ont voulu profiter de cette occasion, et ont tenté d’exciter des troubles. Le roi s’étant aussitôt mis à la tête de ses mandarins, s’est défait des chefs, a

  1. Tourné vers le nord, signifie : prosterne devant le trône impérial, parce que le trône faisant face au midi, le sujet, en parlant à l’empereur, regarde le nord. Le Ciel signifie la Majesté Impériale ; l’empereur se dit lui-même fils du Ciel. Ces nuages font allusion à la sévérité du souverain, dont les bienfaits, au contraire, sont une douce pluie, etc.