Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendre libre ; maintenant que c’est devenu impossible, il faut tâcher de la conserver par la prudence. Il faut s’appliquer à raffermir tous ceux qui pratiquaient le christianisme, à bien instruire ceux qui ne faisaient que commencer, et quant aux autres, prier Dieu en secret pour leur conversion, et attendre en silence. Par là, on pourra se conserver sans inquiétude.

« En 1795, les chrétiens, joyeux de l’arrivée du prêtre et se félicitant de leur bonheur, n’ont pas su craindre et n’ont pas pris de précautions suffisantes. Mais maintenant, instruits par l’expérience et se servant du passé comme d’un miroir, ils prendront toutes les précautions convenables, et il n’y a pas de raison pour que la persécution s’élève de nouveau. Nous ne pouvons attendre la mort sans rien faire, mais rien ne se peut qu’avec des ressources. Il est difficile de croire que l’existence et la ruine de la religion dans un royaume, la vie et la mort des âmes, dépendent du Mammon d’iniquité, et cependant faute de ressources, la chrétienté de Corée va être anéantie, et les âmes sont condamnées à la mort.

« C’est pourquoi nous osons vous en prier, et nous espérons que vous voudrez bien implorer des secours dans tous les royaumes de l’Europe pour nous, quoique nous ne soyons que de misérables pécheurs, afin de soutenir notre Église persécutée, et de nous procurer le moyen de sauver nos âmes. De notre côté, nous nous disposerons, formerons nos plans, et après avoir tout préparé sûrement, nous vous demanderons le bienfait d’une seconde vie ; de grâce, ayez pitié de nous. Nous savons qu’il y a une sorte d’imprudence à faire une pareille demande. Néanmoins, considérant que sans votre secours, nous sommes condamnés à une mort éternelle, nous osons maintenant ouvrir la bouche, et si, après avoir demandé, nous n’obtenons rien, nous n’emporterons pas du moins dans la tombe le regret de n’avoir rien essayé. Isolés et sans aucun appui comme nous sommes, nous vous en conjurons avec instance, daignez, à l’exemple du Dieu tout bon et tout miséricordieux, penser à des enfants pauvres, misérables et faibles, et ranimer nos espérances en comblant nos vœux. Quel plus grand bien pour l’Église ? quel plus grand bien pour nous, que de nous ouvrir le chemin d’une seconde vie ?

« De notre côté, nous tâcherons d’y répondre ; mais il ne s’agit pas de choses réalisables en quelques jours ou en quelques mois. Rien ne peut se faire en moins de deux ou trois ans. L’entrée d’un prêtre en Corée rencontre deux grandes difficultés, les cheveux