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côté et d’autre s’enquérir des nouvelles, le tenaient au courant de la marche de la persécution, et lui rapportaient les principaux événements qui intéressaient la chrétienté.

Pierre Kim, natif du district de Hong-tsiou, dans le Nai-po, avait été, pendant son séjour à la capitale, enrôlé comme soldat, d’où le nom de Kim Po-siou, sous lequel il est quelquefois désigné. À la huitième lune, il tomba une première fois entre les mains des satellites, mais réussit à s’évader.

Thomas Hoang était du village de Liong-mari, district de Tek-san, dans le Nai-po. Descendu d’une famille honnête et marié à la sœur de François M Po-hien-i, martyr en 1799, Thomas paraît s’être consacré entièrement au service du prêtre. Il fit plusieurs fois le voyage de Péking, et s’acquitta toujours avec prudence et fidélité des diverses commissions dont il fut chargé par le P. Tsiou.

C’est dans sa retraite de Pai-ron qu’Alexandre Hoang composa une longue lettre adressée à l’évêque de Péking. Ce document, précieux à tous égards, a été heureusement conservé. Alexandre y raconte d’abord, dans tous ses détails, l’histoire des premiers martyrs de cette persécution. Ses informations sont généralement exactes. Sur un certain nombre de points cependant, il avoue lui-même n’avoir pas eu des renseignements suffisants ; et plusieurs fois, en rédigeant cette histoire, nous avons dû, après examen et comparaison d’autres documents, rejeter des faits qu’il avait avancés trop légèrement sur un simple ouï-dire. Dans la seconde partie de sa lettre, il expose le triste état de la chrétienté, et fait un éloquent appel à l’évêque, pour qu’il prenne leur sort en pitié, et s’efforce de faire sortir l’Église coréenne de ses ruines. Nous en citons ici un long fragment, qui fera connaître la position physique et morale des chrétiens, vers la fin de la persécution.

« Le prêtre ayant été dénoncé par un traître, dès son entrée dans le pays, et le feu roi ayant connu sa présence, il fallait sans cesse être sur ses gardes, et prendre les plus grandes précautions. De là, beaucoup ne purent prendre part aux sacrements, et parmi ceux qui les reçurent, la moitié étaient des femmes. Parmi les chrétiens de la province et le peuple de la capitale, un grand nombre, quoique très-fervents, n’y furent pas admis. Tous avaient supporté de grandes souffrances, et espéré bien des années dans le secret ; mais depuis qu’ils ont vu le prêtre devenu la proie des méchants, et sa tête publiquement exposée, toutes les souffrances et tous les efforts de dix années se trouvent en un instant devenus inutiles. Corps et âmes, tout est sur le penchant de la ruine ;