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lune ; il était alors âgé de trente ans : son corps fut enterré par ses neveux à Kong-tsiou.

À la même cinquième lune, on ne sait quel jour, fut encore exécutée dans la même ville de Kong-tsiou, une pauvre esclave, nommée Moun Ioun-tsin-i. Après avoir servi dans une des maisons où se réfugiait le P. Tsiou, elle s’enfuit en province, pour éviter la persécution. Elle fut prise toutefois, et sa constance lui mérita la grâce du martyre. Inconnue partout ailleurs, elle a été signalée par une vieille chrétienne, qui eut avec elle quelques rapports d’amitié, la suivit dans la ville de Kong-tsiou, et la vit passer quand on la conduisait au supplice.


Les documents coréens ne signalent aucune exécution durant le cours de la sixième lune. La rage des ennemis du christianisme n’était cependant pas assouvie, et pendant longtemps encore notre histoire ne sera qu’une liste de martyrs. Le 13 de la septième lune (31 août), une sentence de mort fut portée contre cinq autres confesseurs : André Kim Koang-ok-i, et Tieng Tenk-i, de la province de T’siong-t’sieng ; Stanislas Han, Mathias T’soi, et André Kim T’sien-ai, de la province de Tsien-la.

André Kim Koang-ok-i, né à Ie-sa-ol, au district de Niei-san, dans le Nai-po, d’une famille honnête et riche, exerça longtemps les fonctions de chef de canton. Bien qu’il fût doué d’excellentes qualités naturelles, son caractère excessivement violent le faisait redouter de tous ceux qui le connaissaient. À l’âge d’environ cinquante ans, il fut instruit de la religion par Louis de Gonzague, qui était presque du même village, et au grand étonnement de tous, il l’embrassa de suite, et se mit à en observer les pratiques avec beaucoup de ferveur, ostensiblement, sans s’inquiéter des païens. Il fit plus, il convertit sa famille, beaucoup de ses amis, et d’autres personnes du village. Chaque jour, en quelque saison que ce fût, tous se réunissaient pour réciter en commun les prières du matin et du soir. Souvent aussi André expliquait la doctrine, et il savait faire naître dans l’âme de ses auditeurs une foi ardente. Pendant le carême, il observait un jeûne rigoureux, se livrait à diverses pratiques de mortification, et, par une grande assiduité aux exercices des diverses vertus chrétiennes, il parvint enfin à mâter tellement son caractère, qu’on le disait devenu semblable à un enfant à la mamelle.

Quand il vit la persécution de 1801 s’élever avec tant de violence, il se retira dans les montagnes de Kong-tsiou ; mais ayant été dénoncé dès la première lune, il fut bientôt saisi par les satel-