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Nous regrettons d’autant plus de ne pouvoir retrouver les détails de sa vie, que sa mémoire est bénie d’une manière toute spéciale, encore aujourd’hui, par ceux qui parlent d’elle.

Enfin, parmi les condamnés du 23 de la cinquième lune, nous trouvons Ko Koang-sieng-i, Ni Kouk-seng-i, et probablement aussi Hoang Po-siou, dont il nous reste à dire quelques mots. Ko Koang-sieng-i était né au district de Pieng-san, province de Hoang-hai, d’une famille honnête. Nous ignorons les circonstances de sa conversion et les détails de son procès. Jeté dans une des prisons de la capitale, il était malheureusement tombé dans l’apostasie, quand Dieu permit que Ni Kouk-seng-i fût amené dans cette même prison. Celui-ci lui reprocha vivement sa faute, l’engagea à se rétracter, et, pour lui en faciliter les moyens, lui indiqua les paroles dont il devait se servir. « Dis au mandarin que ce n’est pas toi qui as apostasié, mais que c’est le diable qui t’a trompé et a parlé par ta bouche. » Ainsi poussé, Koang-sieng-i se rétracta convenablement et subit ensuite trois nouveaux interrogatoires, sans témoigner aucune faiblesse. Il fut envoyé à Pieng-san, sa patrie, pour y être décapité, ce qui fut fait non avec l’instrument ordinaire du supplice, mais avec une cognée. Sa mort, vu la distance de la capitale à Pieng-san, n’eut lieu que le 27 ou le 28 de cette même lune.

La Providence, dont les voies sont admirables, se servait ainsi de la méchanceté des persécuteurs, pour glorifier la religion dans des lieux où elle n’était pas connue auparavant. Tel était, en effet, le district de Pieng-san, qui entendit parler du christianisme pour la première fois, à l’occasion de la sentence et de la mort courageuse de notre martyr. Tel était aussi le district de Pong-san, dans cette même province de Hoang-hai, où fut décapité le confesseur Hoang, surnommé Po-siou, du nom de la compagnie de tirailleurs, dont il faisait partie. Hoang était venu à la capitale pour rejoindre son régiment, lorsqu’il eut le bonheur d’entendre parler de la religion et de se convertir. Saisi dès le commencement de la persécution, il se refusa avec une fermeté inébranlable à donner le moindre signe d’apostasie, fut condamné à mort, et transporté à son district de Pong-san, pour y être exécuté. On rapporte que, lorsqu’il se rendait au supplice, une de ses jeunes esclaves le suivit ; et comme le confesseur, tout occupé du ciel, refusait de la regarder, l’esclave se mit en colère et l’accabla d’injures qu’il supporta joyeusement.

Pierre Ni Kouk-seng-i, appelé aussi Sieng-kiem-i, était natif du district de Eum-sieng, province de T’siong-t’sieng, d’où il