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même jour, et Colombe arrosa aussitôt de son sang le sol de la capitale où s’était exercé son zèle ; mais Agathe, transférée à Iang-keun, n’obtint la palme que deux jours plus tard. Son intrépide courage, sa paix et la sérénité d’âme qu’elle conserva jusqu’au dernier moment, édifièrent beaucoup les chrétiens, et produisirent sur un grand nombre de païens une vive et salutaire impression. On assure que Dieu donna à l’innocence virginale d’Agathe le même témoignage qu’à celle de sa compagne Bibiane et que lorsque sa tête tomba, le sang qui coulait de la blessure, sembla blanc comme du lait.

Il y eut à cette époque beaucoup d’autres martyrs à Iang-keun, car s’il faut en croire les récits des vieillards du pays, qui vivaient encore il y a peu d’années, cette ville fut inondée de sang par la cruauté de son mandarin Tsieng Tsiou-song-i, dont le nom est cité avec horreur par les païens eux-mêmes. Malheureusement, nous n’avons pas sur ces faits de documents contemporains. Mentionnons seulement quelques noms qui ont été recueillis de la bouche de témoins oculaires.

Une famille noble du nom de Ni, branche de Tsien-tsiou, qui vivait au village de Pai-sie-kol, donna à l’Église quatre martyrs : Ni Tsai-mong-i, âgé de cinquante-cinq ans ; son frère cadet Ni Koai-mong-i, appelé aussi Tsioung-kin-i, âgé d’environ cinquante ans, plus deux jeunes personnes, filles de l’un des précédents, âgées de vingt-cinq à trente ans, et qui avaient consacré à Dieu leur virginité. Arrêtés tous ensemble, le 20 de la quatrième lune, ils furent mis à la torture ; et sur leur refus constant d’apostasier, moururent sous les coups, ou furent décapités dans le cours de la cinquième lune. Kim Ouen-siong-i, de famille noble, vivant au village de Tsi-ie-oul, fut pris et exécuté avec eux, à l’âge de quarante-cinq à cinquante ans.

Nous devons ajouter à cette liste l’illustre vierge Agathe Ni, fille de Ni Tong-lsi, de la branche de Koang-tsiou, et cousine éloignée du catéchiste Augustin Ni, martyrisé au commencement de 1839. Cette jeune personne vivait chez ses parents dans le voisinage de Iang-keun. De bonne heure, elle consacra à Dieu sa virginité, mais bientôt ne pouvant plus tenir contre les menaces des païens, elle s’entendit avec un de ses parents, Iou Han-siouk-i, dont nous avons raconté le martyre, et celui-ci la fit évader secrètement, et la conduisit à la capitale, près d’Agathe Ioun. Dans cette retraite, à l’abri des clameurs, elle put se livrer en toute liberté à la prière et à l’exercice des bonnes œuvres, et se préparer pieusement au dernier combat.