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CHAPITRE II.

Martyrs dans les provinces depuis le cinquième jusqu’au huitième mois.


Les neuf martyrs dont nous venons de parler, n’avaient pas été les seuls condamnés le 23 de la cinquième lune (3 juillet). Plusieurs autres sentences de mort furent signées le même jour, mais ne purent être mises à exécution que les jours suivants, parce que le tribunal, en vertu d’un système déjà signalé, fit transporter les confesseurs dans les différentes villes d’où ils étaient originaires, afin d’effrayer les populations des provinces, par le spectacle de leur supplice.

Nous rencontrons d’abord Tsieng Sioun-mai, sœur de Tsieng Koang-siou, native du district de Nie-tsiou. Désirant consacrer à Dieu sa virginité, et craignant les clameurs des païens, elle prétendit avoir été unie en mariage à un homme qu’elle disait se nommer He. Elle se releva elle-même les cheveux, et grâce à cette ruse, put rester seule, et se livrer à toutes les bonnes œuvres que sa piété lui inspira. Sa sentence porte qu’elle reçut le baptême des mains du P. Tsiou. Soumise à de cruelles tortures, elle montra un courage au-dessus de son sexe, fut condamnée à mort, conduite à la ville de Nie-tsiou, et décapitée le 25 de la cinquième lune, deux jours plus tard que ses compagnes de la capitale.

Une seconde femme, appelée Tsien-hiei dans les actes du gouvernement, accusée entre autres crimes, d’être restée vierge en se disant veuve, eut, le même jour, la tête tranchée à Iang-keun, sa ville natale. Une tradition constante, et les divers documents que nous avons eus entre les mains, nous ont convaincu que cette Tsien-hiei n’est autre que la célèbre vierge Agathe Ioun. Agathe était cousine germaine de Paul Ioun Iou-ir-i, qui fit trois fois le voyage de Péking, amena le P. Tsiou en Corée, et fut martyrisé en 1795. Descendue d’une famille de demi-nobles ou de nobles bâtards, elle habitait le district de Iang-keun. À peine eut-elle connu la religion chrétienne, que, désirant se consacrer à Dieu sans réserve, elle fit vœu de virginité, puis, craignant de rencontrer dans sa famille des obstacles à sa pieuse résolution, elle se fit secrètement des habits d’homme et s’enfuit chez un de ses oncles. Sa mère crut qu’elle avait été dévorée par un tigre et ne cessa de