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ne cessait de prêcher l’Évangile en toute occasion. Grand nombre de païens, dans le district de Nie-tsiou et les environs, lui durent, après Dieu, le bienfait de la foi.

Son père, cependant, le voyait avec peine pratiquer le christianisme, et faisait tous ses efforts pour l’en éloigner. Pendant plusieurs années, Josaphat eut à supporter continuellement des persécutions domestiques bien pénibles, mais il triompha de toutes les difficultés, et continua la pratique fidèle de ses devoirs. Quand il apprit la défection de Jean Tieng qui, pour éviter la mort, avait signé une formule d’apostasie, il en fut profondément ému, et témoigna toute la douleur qu’il en ressentait, mais n’en fut pas ébranlé. Quoique impliqué, par sa naissance et sa position sociale, dans beaucoup d’affaires du monde et de la cour, il ne paraît pas que Josaphat ait jamais pris une grande part à la direction des affaires de la chrétienté. On voit même qu’il se tint un peu à l’écart, quand les clameurs des nobles de son parti, arrivés subitement au pouvoir, préparaient et annonçaient la persécution. C’est alors probablement que, de concert avec Augustin Tieng, il travailla à rédiger un ouvrage complet et méthodique sur la religion. Nous avons dit plus haut qu’ils ne purent le terminer, et que les chrétiens ne réussirent à en sauver aucun fragment.

La conduite de Josaphat avait toujours été, depuis son baptême, ferme, grave et irréprochable. Son humilité égalait son mérite ; aussi était-il aimé et respecté de tous les chrétiens, et l’éclat de ses vertus le désignait-il d’avance pour victime de la persécution. On se fera difficilement une idée de tous les efforts que tentèrent, dans ces circonstances, ses parents et amis pour obtenir de lui une parole de faiblesse, qui le mît à l’abri des poursuites. Il ne paraît pas néanmoins que le noble athlète de Jésus-Christ ait failli à son devoir, et, en effet, le mandat d’arrêt fut lancé contre lui, probablement dans le courant de la troisième lune. On alla le chercher dans la maison de son propre père, à la capitale ; celui-ci prenait alors son repas, et sans discontinuer, il dit aux agents du Keum-pou : « Mon fils est allé aujourd’hui aux examens ; il doit être assis sous tel arbre, vous le reconnaîtrez à tel et tel signe. Remplissez votre devoir, sans donner l’éveil à qui que ce soit. » En disant ces mots, il ne changea ni de ton ni de couleur. Josaphat fut donc arrêté et déposé à la prison.

Nous savons que tout fut mis en œuvre pour empêcher sa condamnation. Sa famille si puissante, dont l’honneur allait être compromis par le procès criminel d’un de ses membres, avait