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1er juin, Josaphat Rim, d’une des plus illustres familles du parti No-ron, et plusieurs de ses parents, obtinrent par le même supplice le même triomphe. Ici vient naturellement se placer une remarque importante. Bien que les rancunes de parti fussent pour beaucoup, comme nous l’avons expliqué, dans la publication de l’édit qui proscrivait la religion chrétienne, la première et principale cause néanmoins était, en Corée, comme partout et toujours, la haine éternellement active de l’enfer contre l’Église. Or, il y avait des chrétiens dans les autres partis aussi bien que dans le parti des Nam-in, car la religion ne s’inféode jamais à aucune caste, ni à aucune faction. De fait cependant, les grands personnages condamnés à mort depuis l’avènement de la régente, appartenaient presque tous aux Nam-in, ce qui donnait à la persécution un caractère de vengeance politique, et pouvait, aux yeux des païens, altérer et diminuer la gloire des martyrs. Afin donc de montrer clairement à tous que, pour le plus grand nombre des victimes, la profession du christianisme était l’unique cause de condamnation ; afin de restituer à la mort des confesseurs son véritable caractère. Dieu permit que les persécuteurs fussent forcés par les circonstances d’immoler plusieurs membres éminents de leur propre parti.

Josaphat Kim Ken-sioun-i descendait d’une branche cadette de la famille Kim de An-tong, qui était alors une des principales du parti No-ron, et se trouve aujourd’hui la première famille de la Corée. Il fut adopté dès l’enfance par le principal descendant de la branche aînée, et se trouva ainsi placé à la source des dignités et des honneurs ; son père adoptif habitait la ville de Nie-tsiou. Josaphat se fit remarquer par une intelligence extraordinairement précoce. Dès l’âge de neuf ans, disent les relations coréennes, il voulut s’appliquer à la doctrine de Lao-tse, qui passe pour ouvrir le chemin de l’immortalité à ses sectateurs. Dans sa maison, il y avait un livre, espèce d’introduction à l’étude de la vraie religion, composé en chinois, sous une forme attrayante et populaire, par les anciens missionnaires de Péking. Josaphat le lut avec grand plaisir, à l’âge de dix ou douze ans, et bientôt se mit à discuter sur le ciel et l’enfer, sur la nécessité de leur existence, et autres matières traitées dans ce livre. On disait de lui, dès lors, qu’il parviendrait au grade de ministre. En grandissant, il se livra à de vastes études ; les livres sacrés, l’histoire, les doctrines de Fo et de Lao-tse, la médecine, la géoscopie, l’art militaire même, rien ne lui resta étranger.

Il eut bientôt occasion de montrer ses talents. En effet, il n’était