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LIVRE III

Depuis le martyre du P. Jacques TSIOU, jusqu’à la fin de la persécution.
1801-1802.




CHAPITRE Ier.

Martyre de Josaphat Kim. — Martyre de Colombe Kang et de ses compagnes.


La mort du P. Tsiou était une grande calamité pour l’Église de Corée. Elle perdait en lui son unique pasteur, et il semblait humainement impossible qu’il pût être remplacé avant de longues années. Sans doute les circonstances n’avaient pas permis à tous les néophytes de voir le prêtre, d’entendre ses instructions, et de recevoir de sa main les sacrements. Un petit nombre d’entre eux seulement avaient eu ce bonheur. Mais au moins, lui présent, il y avait un centre commun, un point de réunion pour les diverses chrétientés ; il y avait une direction unique dans les affaires importantes ; et surtout il y avait la célébration fréquente du saint sacrifice, et le sang de Jésus-Christ, source de toute grâce, coulait souvent sur cette terre infidèle.

En se livrant, le P. Tsiou avait espéré user sur lui-même la rage des persécuteurs, et empêcher ainsi le malheur de son troupeau. Les ennemis de la religion, de leur côté, s’imaginaient qu’après la mort du prêtre, les chrétiens démoralisés comme une armée sans chef, seraient facilement amenés à l’apostasie, et leur culte anéanti. Il n’en fut rien. Dieu permit que les espérances du prêtre fussent déçues, et que la persécution augmentât de violence ; mais en même temps il déjoua tous les calculs des impies, en inspirant à ses fidèles un courage plus ferme, une patience plus indomptable, et en multipliant ses martyrs. Nous allons donner quelques détails sur les principaux d’entre eux. L’histoire de l’Église offre peu de pages aussi glorieuses.

Le P. Tsiou avait été décapité le 31 mai 1801. Le lendemain,