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martyrs, dont la sentence, selon toute probabilité, avait été ratifiée par le tribunal suprême en même temps que celle des confesseurs de Nie-tsiou. Les principaux étaient Sou Han-siouk-i et Jacques loun.

Le premier appelé aussi Sa-kiem-i, appartenait à une famille de demi-nobles du village de Tong-mak-kol, au district de Iang-keun. L’histoire de sa vie et de son martyre ne nous est point parvenue. Nous n’avons non plus aucun détail sur Jacques Ioun, frère cadet de ce Paul Ioun, qui fut martyrisé en 1795, pour avoir introduit le prêtre en Corée. Et il ne faut pas s’étonner si les actes du procès de Jacques ne purent être recueillis, car cette famille fut à peu près anéantie par la persécution. Son père et un de ses oncles furent déportés dans les îles ; un autre oncle du nom de André Ioun Koan-siou mourut dans les tortures, et nous verrons bientôt la fin glorieuse d’Agathe Ioun, cousine germaine de Paul et de Jacques.

La tradition la plus autorisée porte à treize le nombre total de chrétiens martyrisés à Iang-keun pendant ce mois. Ils sont en grande vénération parmi les chrétiens, quoique les noms de presque tous soient maintenant oubliés.


Toutes ces exécutions, loin d’assouvir la soif que les persécuteurs avaient du sang des chrétiens, ne faisaient que l’irriter de plus en plus. Le tribunal Keum-pou fonctionnait avec une activité diabolique. Chaque jour, de nouveaux procès et de nouveaux supplices. Le 2 de la quatrième lune (14 mai), six confesseurs furent condamnés à mort et exécutés. C’étaient : Charles Tieng, Pierre T’soi, Tieng In-iek-i, Ni Hap-kiou, et deux femmes, nommées Oun-hiei et Pok-hiei. Ces quatre derniers ne nous sont connus que par le texte officiel de leurs sentences, tel qu’il est conservé dans les actes publics ; nous ignorons leurs noms de baptême. Voici quelques détails sur les deux autres.

Charles Tieng Tsiel-iang-i, fils du glorieux martyr Augustin Tieng, ayant, dès le bas âge, perdu sa mère, fut instruit de la foi chrétienne, et formé à la pratique de la religion, par les paroles et les exemples de son père. À une telle école, il fit de rapides progrès, et méprisant les honneurs auxquels sa naissance semblait devoir lui donner un accès si facile, il ne se proposa qu’un seul but : servir Dieu de toutes ses forces, l’aimer de tout son cœur, et, par là, assurer le salut de son âme.

Il avait environ vingt ans, quand éclata la persécution de 1801. Son père et son oncle ayant été enfermés à la prison du Keum--