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les mains une réfutation du christianisme, composée par un mandarin de la même époque, où il est dit : « Cette religion ordonne de haïr ses parents, puisqu’elle ordonne de haïr le corps que les parents ont engendré ; elle ordonne de traiter le roi en ennemi, puisqu’elle dénonce comme ennemi le monde que le roi gouverne ; enfin elle veut anéantir le genre humain, puisqu’elle enseigne que la virginité est plus parfaite que le mariage. » Cette phrase a été écrite sérieusement, et, aujourd’hui encore, elle est regardée par la plupart des païens comme un résumé complet de l’Évangile.

L’autre prisonnier, François-Xavier Hong Kio-man-i, plus connu parmi les chrétiens sous le nom de Hong de Nam-iang, descendait lui aussi d’une noble famille du parti Nam-in, depuis longtemps honorée de charges importantes. Livré de bonne heure à l’étude, François-Xavier était tsin-sa ou licencié, et son caractère grave et réfléchi, aussi bien que l’étendue et la variété de ses connaissances, lui avaient obtenu l’estime générale. Après avoir résidé quelque temps à la capitale, il alla s’établir au district de Po-tsien, à huit ou dix lieues de là, où il entendit parler du christianisme, vraisemblablement par la famille des Kouen de Iang-keun, dont il était allié. Il ne l’embrassa pas de suite, mais plus tard, éclairé et pressé par son fils Léon, il en reconnut la vérité, se mit à la pratiquer avec ferveur, et reçut le baptême des mains du P. Tsiou. Quoique dans une belle position, il n’eut plus dès lors de pensées pour les grandeurs humaines ; il cessa ses relations avec ses nombreux amis païens, sans s’inquiéter des reproches que cette conduite lui attirait. Tout appliqué à ses devoirs et à l’instruction de sa famille, il s’efforçait de réchauffer les tièdes et de propager la religion, et passait fréquemment les soirées à exhorter les chrétiens du pays, réunis chez lui à cet effet. Quand l’édit de persécution fut publié, François-Xavier Hong se cacha pendant quelques jours, puis voyant qu’il ne pouvait échapper longtemps à ses ennemis, il prit le parti de retourner chez lui, accompagné de son fils, et d’y attendre l’ordre de Dieu. Sur la route même, il fut rencontré par les satellites, qui l’arrêtèrent et le conduisirent à la capitale.

Le procès de tous ces hommes marquants ne devait pas durer bien longtemps, leur sort était décidé d’avance. Il reste peu de détails sur les interrogatoires et les supplices qu’ils ont subis, mais quelques pièces détachées des actes civils, que nous avons entre les mains, nous les montrent accusés tous d’être sectateurs d’une religion étrangère et dépravée. Augustin Tieng seulement est accusé en outre de lèse-majesté et de rébellion. Avant