Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trace de lui ce portrait ; « Ne s’occupant nullement des affaires du monde, il se plaisait surtout à l’étude de la philosophie et de la religion. Un point de doctrine était-il obscur pour lui, dans l’ardeur de ses recherches il oubliait la nourriture et le sommeil, et ne se donnait point de repos qu’il ne l’eût éclairci. En chemin ou dans sa maison, à cheval ou en bateau, il ne discontinuait pas ses profondes méditations. S’il rencontrait des ignorants, il mettait tous ses soins à les instruire, et quelque fatigué qu’il pût être, on ne voyait chez lui ni paresse, ni ennui à le faire ; il réussissait merveilleusement à se faire comprendre de ses auditeurs, quelque grossiers qu’ils fussent. Il composa en coréen deux volumes intitulés : Principaux articles de la religion, où il réunit ce qu’il avait vu dans les livres religieux, y ajoutant quelque peu du sien et s’efforçant surtout d’être clair. C’est un livre précieux pour les nouveaux chrétiens de ce pays, et le prêtre l’a approuvé. Quand Augustin rencontrait des chrétiens, après les premiers compliments d’usage, il parlait de suite de doctrine, et pendant tout le jour on ne pouvait placer une parole inutile. Si on lui donnait la solution de quelque difficulté qu’il n’avait pu pénétrer, il en avait le cœur tout rempli de joie, et remerciait chaleureusement son interlocuteur. Lorsque des gens tièdes ou stupides n’entendaient pas volontiers les vérités du salut, il ne pouvait contenir sa peine et sa tristesse. On l’interrogeait sur toute espèce de sujet et, grâce à la précision admirable de son esprit, grâce à sa parole simple et claire, il fortifiait la foi et échauffait la charité dans le cœur de tous. Sa vertu était moins grande peut-être et sa réputation moins brillante que celles du chef catéchiste Jean T’soi, mais il était supérieur à ce dernier en talents et en connaissances. »

Outre le livre qu’Alexandre Hoang vient de citer, Augustin, de concert avec Josaphat Kim Ken-sioun-i, s’occupa de composer un traité complet, montrant toutes les vérités de la religion dans leur ordre et enchaînement méthodique. Ils en avaient à peine fait la moitié quand la persécution les surprit. Un ouvrage de ce genre, rédigé par des hommes du pays, eût été certainement beaucoup plus à la portée des peuples de ce royaume ; malheureusement il n’en reste aucun vestige.

Pendant son séjour à la capitale, Augustin eut des rapports très-fréquents avec le P. Tsiou, le reçut nombre de fois dans sa maison, et fut nommé par lui président de la confrérie Mieng-to. On rapporte que peu de temps avant son arrestation, un de ses amis, chrétien de la classe des interprètes, étant venu le trouver.