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dre, et réussirent-ils, après l’entrée du P. Tsiou en Corée, aies faire éloigner de la cour comme suspects. C’est alors qu’ils furent privés de leurs fonctions et relégués dans des postes inférieurs. Néanmoins le roi les protégea toujours, et repoussa toutes les accusations portées contre eux.

Mais à la mort de ce prince, son fils et successeur étant trop jeune pour gouverner lui-même, la régence fut dévolue de droit à son aïeule Kim Tieng-sioun-i, seconde femme du père du feu roi. Aussitôt elle prit en main la conduite des affaires et abaissa la grille (c’est-à-dire le store en bambous derrière lequel elle devait assister au conseil des ministres, car, quoique nommée par tous grande reine et mère du peuple, elle ne pouvait, suivant les usages, être assise près des hommes). Tous ses parents appartenaient au parti No-ron et Piek-pai, et avaient été éloignés des charges publiques sous le règne précédent. Ils se préparèrent à profiter du pouvoir absolu qui tombait inopinément entre leurs mains, et à satisfaire leurs rancunes politiques et religieuses, en ruinant à la fois le parti Nam-in et la religion chrétienne.

La tempête, toutefois, ne se déchaîna pas immédiatement. La loi coréenne, par respect et par superstition, défend de s’occuper d’affaires importantes avant l’enterrement du roi défunt. Or, le temps marqué entre la mort et les obsèques de l’empereur de Chine étant de sept mois, le roi de Corée, qui est son vassal, ne doit attendre que cinq mois, tandis que pour les membres de la haute noblesse l’intervalle est de trois mois. Pendant cinq mois donc, on eut à accomplir tous les jours diverses cérémonies en présence du corps du défunt, et l’on ne put s’occuper que des immenses préparatifs nécessaires pour lui donner la sépulture selon toutes les règles.

Les cérémonies funèbres à peine terminées, vers la fin de la onzième lune, la régente cassa tous les dignitaires du parti Si-pai, et renvoya tous les ministres jusqu’alors en fonction. Ces derniers furent remplacés par Ni Pieng-mo, Kim Kouen-tsiou et Sim Oan-tsi, tous trois du parti No-ron. Ce brusque changement était un coup d’État, car, d’après la loi coréenne, on ne peut pas ainsi improviser des ministres à volonté. La dignité de ministre est à vie, c’est-à-dire qu’ils conservent toujours le titre, même quand ils ne sont plus en fonction, et ceux-là seuls peuvent être faits ministres, par un simple décret royal, qui ont déjà rempli cette charge. Pour en créer de nouveaux, il faut observer une foule de règles, de cérémonies, de formalités longues et minutieuses, qui demandent un temps considérable. Mais la régente ne tint nul