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« La création et la conservation sont des bienfaits de Dieu, mais un si généreux traitement, de la part du mandarin, n’est-il pas aussi un bienfait de la Providence ; pourquoi êtes-vous tristes et abattus ? C’est là une tentation du démon. Si nous perdons une aussi belle chance de gagner le ciel, quelle autre occasion attendrons-nous désormais ? » Dieu rendit efficaces ses exhortations et ses encouragements ; ses deux compagnons, regrettant leur faiblesse, partagèrent bientôt la sainte joie de son cœur. Ils furent tous trois martyrisés dans cette même ville de Hong-tsiou. On ne sait pas si François mourut sous les coups ou fut étranglé. C’était le 16 de la douzième lune. (Janvier 1799.)

À la suite de Laurent Pak et de ses trois amis, mentionnons un autre martyr qui souffrit à la même époque et dans la même province.

François Pai Koan-kiem-i, né au village de Tsin-mok, district de Tang-tsin, avait embrassé la religion dès qu’elle fut prêchée par Piek-i. Arrêté une première fois en 1791, il eut, comme nous l’avons dit, la faiblesse d’apostasier devant le mandarin. Mais bientôt après, touché d’un sincère repentir, il se remit à servir Dieu avec ferveur. Obligé de quitter son district, il s’était d’abord retiré dans celui de Sie-san. Plus, tard, en compagnie d’autres chrétiens, il vint s’établir à Iang-tei, district de Mien-tsien, et c’est là qu’en 1798, lui et ses compagnons préparèrent un oratoire, dans l’espérance d’y recevoir le prêtre. Quelque temps après, un apostat, nommé T’sio Hoa-tsin-i, les trahit près du mandarin, et amena lui-même les satellites dans le village. François Pai fut arrêté, le 3 de la dixième lune, et conduit à Hong-tsiou. On voulut le forcer à faire connaître les autres chrétiens et à livrer ses livres de religion ; mais les plus violents supplices ne purent lui arracher une dénonciation. Pendant plusieurs mois il fut mis fréquemment à la question, puis on le transféra à Tsieng-tsiou, chef-lieu militaire et criminel de la province, où il partagea les souffrances de Jacques Ouen et des autres chrétiens prisonniers. On n’a pas de détails sur les derniers mois qu’il passa en prison. On sait seulement qu’il supporta les tortures avec une patience héroïque. Toute sa chair était en lambeaux, ses membres brisés, et les os mis à nu. Il expira enfin sous les coups, à l’âge d’environ soixante ans. La tradition de sa famille fixe la date de son martyre au 13 de la douzième lune de l’année kei-mi (1799).


C’est à cette même année, croyons-nous, qu’il faut aussi rap-