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lui promettant la vie, mais Jacques répondit : « Il y a neuf ans que je désire mourir martyr pour Dieu. » Le juge, en colère, lui fit souffrir de cruelles tortures durant tout le jour. Le lendemain on recommença, et ainsi de suite chaque jour, pendant près d’un mois. Les verges, les bâtons et planches de supplice, l’écartement des os, tout fut mis en œuvre, jusqu’à ce qu’il mourut sous les coups, le 13 de la troisième lune de l’an kei-mi (1799). Il avait alors soixante-dix ans. Après sa mort, son corps parut enveloppé d’une lumière extraordinaire. Une foule de païens furent témoins du prodige, et près de cinquante familles se convertirent à cette occasion.

Pierre Tsieng, né d’une famille honnête du district de Tek-san, était, avant sa conversion, redouté de tous à cause de son caractère violent et de sa force extraordinaire. Il eut le bonheur de se faire chrétien et de recevoir le baptême des mains du P. Tsiou ; dès lors, il devint humble, doux et affable. On croit qu’il resta quelque temps au service du prêtre. Plus tard, nommé catéchiste dans le Naï-po, il se montra assidu à la prière et aux lectures pieuses, s’occupant sans cesse à instruire et à exhorter ceux qui lui étaient confiés. En l’année 1798 ou 1799, il fut pris et conduit à la ville de Tek-san, où il eut à subir bien des interrogatoires et des tortures ; il confessa Dieu généreusement, et signa sa sentence sans laisser paraître sur son visage la moindre émotion. Dans la prison, il encourageait les chrétiens ses compagnons de captivité, et, le jour du supplice, quand on lui apporta le repas des condamnés à mort, il les invita à le partager avec lui, disant : « Pour la dernière fois, il faut manger avec actions de grâces les aliments que Dieu a créés pour l’homme, et ensuite nous irons au ciel jouir du bonheur éternel. » Il eut la tête tranchée. On croit qu’il avait alors de cinquante à soixante ans.

François Pang, né au village de Ie, district de Mien-tsien, était pit-siang, c’est-à-dire intendant du gouverneur de la province. On ignore entièrement de quelle manière et à quelle époque il se convertit. Il se distinguait par une ferveur extraordinaire, et désirait vivement le martyre. En l’année 1798, il fut pris à Hong-tsiou, et eut à subir, pendant six mois, des supplices fort nombreux, dont les détails ne nous sont pas parvenus. On rapporte seulement qu’il y avait alors dans la prison deux autres chrétiens comme lui condamnés à mort, qui, lorsqu’on leur apporta, selon l’usage, le dernier repas des condamnés, se mirent à verser des larmes ; mais François, d’un visage rayonnant de joie, remercia Dieu et la vierge Marie, et dit à ses compagnons :