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lation pour sa foi. En 1797, lorsque la persécution éclata de nouveau dans le district de Hong-tsiou, ordre fut donné aussitôt de le saisir. Laurent, par une humble défiance de ses propres forces, se cacha d’abord. Mais son jeune fils ayant été emmené captif à sa place, sa mère lui dit : « maintenant tu ne peux te dispenser de te livrer, » Il vit dans cette parole la volonté de Dieu, et, comptant sur le secours d’en haut, se rendit de lui-même à la préfecture, le 19 de la huitième lune. Le mandarin lui reprocha de s’être enfui, mais Laurent répondit : « J’étais parti avant que votre ordre ne me fût parvenu. À la nouvelle que vous aviez fait saisir mon fils, et sur l’ordre de ma mère, je suis venu ; de quoi s’agit-il ? — Pourquoi, lui dit le mandarin, suis-tu une mauvaise doctrine, prohibée par le roi et ses mandarins ? — Je ne suis pas une mauvaise doctrine, j’observe seulement les dix préceptes de la vraie religion, qui enseigne à adorer Dieu, créateur de toutes choses, J’honore ce Dieu, puis le roi, les mandarins, mes parents et autres supérieurs ; j’aime mes amis, mes bienfaiteurs et mes frères, et tous les autres hommes. — Tu as des parents et des frères ? On dit aussi que tout ton village suit la religion chrétienne, dénonce-moi tout exactement. — Je n’ai que ma mère et pas de frère cadet ; dans tout le village, je suis seul à pratiquer la religion. — Tu méconnais tes parents, le roi et ses mandarins, tu abuses des femmes des autres, tu dissipes ton bien en futilités, et ne fais pas les sacrifices aux parents ; pourquoi violer ainsi tous les principes naturels ? » Puis, se tournant vers les satellites : « Liez-moi cet homme, cria le mandarin, frappez-le et mettez-le à la question. — « Le quatrième précepte, répondit Laurent, nous ordonne d’honorer nos parents, nos supérieurs, le roi et les mandarins, et d’aimer nos frères et nos proches : ne sont-ce pas là les vrais principes naturels ? Mais les parents, après leur mort, ne pouvant plus venir manger ce qu’on leur offre, nous ne leur offrons pas de nourriture, car la vraie doctrine rejette les choses vaines et ne s’attache qu’aux réalités. Du reste, nous faisons la sépulture des morts selon toutes les règles et convenances. Le sixième commandement nous défend toute espèce d’impuretés, et le neuvième nous défend même de désirer la femme du prochain. Le peu que j’ai, je l’emploie à soulager ceux qui sont nus ou dans le besoin ; ce n’est pas là dissiper son bien en futilités. »

Le mandarin commanda de lui mettre la cangue, et dit : « Par qui as-tu été instruit ? qui a copié tes livres, et qui sont tes complices ? — J’ai été instruit par Tsi-hong-i, de la capitale, qui a été décapité pour la religion. C’est de lui aussi que me viennent les