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d’approbation, et accordait pleine créance à leurs paroles. Si sa femme le réprimandait, il versait des larmes et regrettait ses torts, puis si de mauvais amis revenaient le voir, il agissait comme auparavant. Colombe, malgré tous ses efforts, n’aboutissait à rien, et elle vit bien qu’elle ne pourrait jamais parvenir à lui faire pratiquer sérieusement la religion.

Elle s’appliqua aussi à convertir sa belle-mère. Cette dernière commença à servir Dieu et à réciter les prières chrétiennes, mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner le culte des ancêtres. Colombe l’exhortait sans cesse, et surtout adressait à Dieu de ferventes prières, pour obtenir sa conversion entière. Ses prières furent enfin exaucées. Un jour que la belle-mère balayait la salle des ancêtres, un fracas horrible se fit entendre tout à coup, les poutres et les colonnes de la chambre étaient ébranlées. Saisie de frayeur à ce bruit étrange, dont il était impossible de découvrir la cause, cette femme courut se jeter entre les bras de sa bru et abjura ses vaines superstitions. Après cette victoire, Colombe convertit encore son père et sa mère, qui moururent tous deux d’une manière édifiante.

En 1791, lorsque la persécution éclata, Colombe secourut les confesseurs de la foi, préparant leur nourriture et la leur portant dans les prisons. Elle fut arrêtée et conduite devant le gouverneur de Hong-tsiou. Nous ignorons les détails de son interrogatoire, mais il paraît qu’elle fut remise en liberté sans avoir eu de tourments à endurer, et sans avoir prononcé une seule parole d’apostasie. Peu de temps après, elle se sépara de son mari auquel elle confia le soin de ses terres, et accompagnée de sa belle-mère, de sa fille et de Philippe Hong, fils que son mari avait eu d’un premier mariage, elle vint résider à la capitale. Le motif qui la portait à agir de la sorte ne nous est pas bien connu. Les uns disent que ce fut le désir de vivre dans la continence ; d’autres assurent qu’elle cherchait seulement à se trouver au milieu de chrétiens plus fervents ; enfin, d’après la sentence rendue plus tard contre elle, elle aurait été chassée par son mari lui-même. Celui-ci, en effet, effrayé par la persécution, et n’ayant nulle envie de pratiquer la religion, aura pu lui ordonner de se retirer de chez lui. Cette dernière explication est beaucoup plus probable.

Colombe était donc à la capitale, lorsque le P. Tsiou y arriva. Elle avait même aidé Sabas Tsi et ses compagnons dans leur périlleuse entreprise. Le prêtre la distingua bien vite entre toutes les chrétiennes qu’il put voir. Ravi de joie de trouver, dès son arrivée, une auxiliaire si dévouée, il la baptisa et lui donna