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nouveaux fils étaient nés à la sainte Église Romaine, et que Notre Seigneur Jésus-Christ avait déjà des témoins, dans une contrée où jusqu’alors son nom n’avait pas été prêché. En lisant cette lettre, le vicaire de Jésus-Christ versa des larmes de joie, et du fond de son âme donna une première bénédiction à cette église naissante. Le cardinal Antonelli répondit à l’évêque de Péking : « Notre excellent Souverain Pontife a lu avec la plus grande avidité l’histoire que vous avez tracée de ce très-heureux événement. Il en a répandu des larmes bien douces et a éprouvé un plaisir ineffable de pouvoir offrir à Dieu ces prémices de contrées si éloignées. » Plus loin, il ajoutait : « Sa Sainteté aime avec une tendresse toute paternelle ces nouveaux enfants, ces illustres athlètes de Jésus-Christ. Elle désire leur accorder toute sorte de biens spirituels. Quoique absente de corps, elle les voit des yeux de l’esprit, les embrasse tendrement, et leur donne de tout son cœur la bénédiction apostolique. » Enfin il annonçait à l’évêque de Péking, que le Pape, pasteur de l’Église universelle, confiait à ses soins et à sa direction cette nouvelle église, fille de celle de Péking.

Après le retour du P. dos Remedios, l’évêque fut trois années entières sans aucune nouvelle de Corée. Ce silence prolongé était de mauvais augure. D’ailleurs, quelques mots prononcés par des personnes de la suite de l’ambassade, en 1792, lui avaient fait soupçonner qu’on persécutait les chrétiens, et comprendre pourquoi aucun d’eux n’était venu au rendez-vous recevoir le prêtre. Ce ne fut qu’un an plus tard, à l’arrivée de Paul Ioun et de Sabas Tsi, qu’il put connaître tous les détails de cette première persécution. Il était évident qu’il fallait à tout prix, et le plus tôt possible, porter secours à cette Église désolée. L’évêque le comprit, et conféra aussitôt avec les courriers, sur les moyens de faire parvenir un prêtre dans leur patrie. Jean dos Remedios, le premier missionnaire désigné, était mort. Pour le remplacer, l’évêque jeta les yeux sur un jeune prêtre chinois, les prémices du séminaire épiscopal de Péking. Il se nommait Jacques Tsiou, et était originaire de la grande ville de Sou-Tcheou, dans la province de Kiang-nam. Les Portugais l’ont toujours désigné sous le nom de P. Jacques Vellozo. Il n’avait alors que vingt-quatre ans ; mais sa grande piété, son habileté dans la littérature chinoise et dans les sciences ecclésiastiques, sa physionomie assez semblable à celle des Coréens, décidèrent l’évêque de Péking à le choisir, pour cette belle et périlleuse mission.

Le P. Jacques Tsiou, muni de tous les pouvoirs ordinaires