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par caractère, ils se mêlaient peu des affaires de la chrétienté, et on ne voit pas qu’ils l’aient jamais dirigée. Ceux que nous trouvons alors à la tête sont : Jean T’soi Koan-tsien-i, et Mathias T’soi In-kir-i, hommes zélés et capables, de la classe moyenne. Ils n’avaient pour eux ni la renommée, ni la grande naissance de leurs prédécesseurs, mais le progrès de la religion n’en souffrit nullement, et quoique moins frappant aux yeux des païens, fut plus réel et plus solide. On dirait que la Providence, après s’être servie de ces savants et de ces nobles, pour produire le premier ébranlement, les laissa disparaître presque aussitôt, pour montrer que l’Évangile n’a pas besoin d’eux, et faire comprendre aux Coréens qu’il ne s’agissait pas d’une de ces sectes philosophiques auxquelles le nom, la position et la science des adeptes donnent pendant quelques jours une vie factice, et qui meurent avec leurs fondateurs. Non multi sapientes secundum carnem, non multi nobiles… ut non evacuetur crux Christi. Peu de savants selon la chair, peu de grands, peu de nobles, afin que ne soit pas oubliée et réduite à rien la croix du Christ. — I Cor. i, 17.

Voici le portrait que tracent de Jean T’soi les relations coréennes. Le chef catéchiste Jean T’soi fut un des premiers à embrasser la religion. C’était un homme calme, prudent, éclairé, au cœur généreux et résolu. Il expliquait la vérité avec précision et douceur. Sa parole était sans apprêt, et cependant tous l’écoutaient avec satisfaction et grand profit pour leurs âmes. L’humilité, la résignation à la volonté de Dieu, lui étaient comme naturelles, et, quoiqu’il n’y eût rien d’extraordinaire dans sa conduite, jamais homme ne fut plus estimé et plus aimé des chrétiens.

Le premier soin de Jean T’soi et de ses compagnons fut de chercher à obtenir un prêtre. Les difficultés nées de la persécution étaient presque aplanies, et le désir des fidèles de posséder le ministre de Dieu, était plus ardent que jamais. Il fut donc décidé que Paul Ioun Iou-ir-i, qui avait déjà fait deux fois le voyage de Péking, se mettrait à la tête de l’expédition, et que Sabas Tsi Tsiang-hong-i l’accompagnerait avec quelques autres. Pendant leur absence, on devait préparer une maison, à la capitale, pour y recevoir le prêtre, et la garde de cette maison devait être confiée à Mathias T’soi In-kir-i.

Les courageux députés partirent donc, à la suite de l’ambassade, vers la fin de l’année 1793. Dieu les protégea dans le chemin, et ils arrivèrent heureusement au terme de leur voyage.