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tout le corps. Bientôt, il fut entièrement couvert de glace. Dans ce supplice, il ne pensait qu’à la passion du Sauveur, et répétait : « Ô Jésus flagellé pour moi par tout le corps, et couronné d’épines pour mon salut, voyez la glace dont mon corps est couvert, pour l’honneur de votre nom ; » puis il offrait sa vie à Dieu avec action de grâces. Au second chant du coq, il rendit le dernier soupir. C’était le 17 de la douzième lune de l’année im-tsa (janvier 1793). Pierre avait alors soixante et un ans.

Vers cette époque, la persécution diminua beaucoup d’activité et de rigueur, surtout à la capitale. Le roi, d’un caractère naturellement modéré, répugnait aux mesures de violence. Il préférait voir employer auprès des chrétiens les caresses, les promesses, les séductions de tout genre, et trop souvent ce système réussit à amener des apostasies, surtout parmi les nobles. Dans les provinces, les choses étaient abandonnées à peu près à l’arbitraire des gouverneurs, qui poursuivaient les chrétiens ou les laissaient en paix, selon leurs caprices ou leurs préventions personnelles. Aussi, tandis que quelques chrétientés jouissaient d’une liberté presque complète, dans d’autres, comme le Nai-po, les néophytes furent toujours poursuivis et maltraités. En 1794, nous trouvons une nouvelle persécution à Hong-tsiou, sans pouvoir en préciser la violence et l’étendue. Paul Pak Hieng-hoa, eut alors le malheur d’apostasier. Nous le verrons réparer glorieusement cette faute on 1827. Paul Hoang, qui n’obtint la couronne du martyre qu’en 1813, fut plus généreux. Il était né à Tsié-oun-i, au district de Tsieng-iang, et depuis longtemps pratiquait la religion avec ferveur, lorsqu’il fut arrêté et conduit devant le mandarin. « Renie ton Dieu, lui dit celui-ci, injurie-le, et je te permets de te retirer. — Injurier Dieu ! répondit Paul, c’est ce que les animaux eux-mêmes ne pourraient faire. Comment l’homme qui a une âme spirituelle l’oserait-il ? » Il fut battu violemment avec la planche à voleurs, mais ne faiblit pas un seul instant et, après une longue flagellation, fut reporté mourant à la prison. Les soins que lui donnèrent les autres prisonniers le firent cependant revenir à la vie. Le mandarin, étonné d’apprendre qu’il n’était pas mort, le condamna à exercer l’emploi de bourreau-fustigateur. Trois mois après Paul fut relâché. Des douze chrétiens arrêtés avec lui, il paraît que pas un n’eut le courage de l’imiter. Tous se tirèrent d’embarras par des paroles d’apostasie.

On parle aussi de quelques actes de persécution dans d’autres endroits. Mais ce n’étaient probablement que des vexations