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CHAPITRE V.

Suite de la persécution. — Défection de quelques chrétiens influents. — Martyre de Pierre Ouen.


Pendant que la religion chrétienne était si glorieusement défendue devant le premier tribunal de la partie méridionale du royaume, plusieurs autres chrétiens étaient aussi appelés à confesser leur foi, à la capitale et dans les provinces voisines.

François Xavier Kouen Il-sin-i n’avait pas été inquiété en 1785, malgré son courage et ses réclamations publiques. Mais en 1791, il ne put échapper plus longtemps à l’envie de ses ennemis. Tous savaient très-bien quelle grande influence exerçaient pour la propagation de la nouvelle doctrine, son nom, sa science et ses continuels efforts. Aussi, à l’occasion de l’affaire de Tsin-san, Hong Nak-an-i, Mok Man-tsiong-i, et plusieurs autres, présentèrent-ils une accusation contre lui, le désignant comme le principal chef et fauteur de la religion chrétienne. François-Xavier fut donc arrêté et traduit devant le tribunal des crimes, à la onzième lune de cette même année. Ne pouvant pas obtenir sa rétractation, les mandarins le mirent plusieurs fois à la torture, et employèrent pour vaincre sa persévérance, des tourments extraordinaires. Mais Xavier resta ferme. Il fit clairement sa profession de foi sous le fer et le fouet des bourreaux : « Il est impossible, disait-il, de ne pas servir le grand Dieu, créateur du ciel, de la terre, des anges et des hommes. Pour rien au monde je ne puis le renier, et plutôt que de manquer à mes devoirs envers lui, je préfère subir la mort. » Les supplices eurent bientôt réduit son corps à un état affreux. Cependant, le roi qui connaissait Xavier Il-sin-i, et avait une grande estime pour ses belles qualités, ne pouvait, malgré les réclamations des ennemis du nom chrétien, se résoudre à signer sa sentence de mort. Il désirait toutefois le faire changer de sentiments, et commanda d’employer tous les moyens imaginables pour le gagner. D’après ses ordres, un nouvel assaut, plus dangereux que les précédents, fut livré au confesseur. Les caresses, les flatteries, les promesses, les insinuations, furent successivement mises en œuvre, avec toutes les ressources que l’amitié et la compassion