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de Ioun Tsi-tsiong-i par sa mère, et demeurant dans le voisinage, j’ai vu chez lui, et je lui ai emprunté les livres intitulés : Véritables principes sur Dieu et Traité des sept vertus capitales. Il y a de cela nombre d’années. C’était avant que Tsi-tsiong-i eût brûlé ou lavé ces livres, je ne les copiai pas et je ne fis qu’en prendre lecture. J’ai, il est vrai, cessé d’offrir les sacrifices, mais je n’ai ni brûlé ni détruit les tablettes, les boîtes en sont encore chez moi, et le mandarin de Tsin-san ayant tout noté dans l’inventaire qu’il a fait, il m’est inutile d’en parler davantage. Depuis le moment où je commençai à pratiquer la religion, tous mes proches me regardèrent d’un mauvais œil, et déversèrent sur moi toute sorte de blâme. Puis, voyant que je ne faisais plus les sacrifices, ils dirent tous d’une voix : « Puisqu’il ne fait plus les sacrifices, les tablettes deviennent inutiles, et assurément il finira par les brûler. » À cette parole jetée en l’air, chacun ajouta encore et la répandit partout, et voilà pourquoi je suis aujourd’hui prisonnier. Du reste, ayant perdu mon père et ma mère de bonne heure, je n’ai pas eu lieu, depuis que je pratique la religion, de faire les cérémonies d’enterrement de mes parents. Hors de là, tout ce que je pourrais dire n’est pas différent de ce qu’a déclaré Tsi-tsiong-i, et je n’ai rien de plus à exposer.

« Par le moyen du prétorien, je fis présenter ces deux défenses au mandarin de Lim-p’i. Il les lut attentivement, les mit dans sa manche, et se rendit au tribunal criminel du gouverneur, donnant des ordres pour qu’on nous fît attendre à la porte. Il était environ midi, et nous nous assîmes en attendant. Longtemps après on nous appela, et le gouverneur dit d’abord à Jacques Kouen : — As-tu vraiment conservé les tablettes ? Tout à l’heure lu disais les avoir, et cependant le mandarin de Tsin-san, dans son rapport, dit n’avoir vu que quatre boîtes vides et pas de tablettes ; qu’est-ce que cela ? — Jacques répondit : — Quand je vins de Tsin-san, près du gouverneur, on me dit qu’il fallait tout déclarer, comme il était marqué dans le rapport du mandarin. Craignant donc, si j’en disais trop, que le mandarin ne fût lésé à cette occasion, j’ai dit simplement au gouverneur que les boîtes des tablettes étaient encore chez moi ; mais, par le fait, mes tablettes n’y sont plus, je les ai enterrées. — Où les as-tu enterrées ? demanda le gouverneur. Jacques indiqua l’endroit, mais ajouta qu’un éboulement ayant eu lieu depuis, on ne pourrait pas sans doute retrouver la place. — Tu ne les as pas enterrées seul, j’imagine ; il y a eu un homme qui a creusé la