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fririez pas de nourriture, vous avez sans doute quelque autre moyen de témoigner votre piété filiale. Si tout cela existe parmi vous, il faut l’indiquer en détail. De plus, hier tu disais que le désir de la vie, et la crainte de la mort, sont des sentiments communs à tous ; il est donc juste de réfléchir et, en faisant tes déclarations, de mettre en avant des principes de fidélité au roi et de piété filiale, afin de trouver par là des moyens de te conserver la vie.

« Le mandarin de Lim-p’i, chargé d’examiner l’affaire, vint aussi près de moi, et me parla d’un ton calme, et par manière de conseil. Je lui répondis : — Tout ce que vous me dites entre dans mes désirs, seulement je ne puis de vive voix tout expliquer clairement. Si vous voulez me donner un prétorien et des pinceaux, je ferai écrire le tout en détail. Alors il me fit passer dans un autre appartement, avec ordre d’écrire une défense et de la présenter. Je m’assis, et dictai ce qui suit.

« Pour la cause de l’accusé Ioun. De bonne heure, je me livrai au travail pour me préparer aux examens, dans la pensée de remplir des charges publiques. Mes humbles désirs se bornaient à tâcher de satisfaire aux devoirs de dévouement envers le roi, de piété envers mes parents, et d’amitié envers mes frères. Au printemps de l’année kiei-mio (1783), j’obtins le diplôme de licencié tsin-sa. L’année suivante, m’étant rendu pendant l’hiver à la capitale, j’allai par hasard chez Kim Pem-ou, de la classe moyenne, au quartier Mieng-niei pang-kol. Il y avait dans cette maison deux livres intitulés, l’un : Véritables principes sur le Maître du ciel, et l’autre : les sept Vertus capitales. En les parcourant, j’y entrevis que le Maître du ciel est notre père commun, créateur du ciel, de la terre, des anges, des hommes et de toutes choses. C’est celui que les livres de Chine appellent Siang-tiei. Entre le ciel et la terre l’homme naquit, et quoiqu’il reçoive de ses parents la chair et le sang, au fond c’est Dieu qui les lui donne. Une âme est unie à son corps, mais celui qui les a unis, c’est encore Dieu. La base du dévouement au roi, c’est l’ordre de Dieu, la base de la piété envers les parents, c’est aussi l’ordre de Dieu. En comparant le tout avec la règle donnée dans les livres sacrés de la Chine, de servir le Siang-tiei de tout cœur et avec le plus grand soin, je crus y voir beaucoup de conformité. La pratique est renfermée dans les dix commandements, et les sept vertus capitales. Les dix commandements sont : 1o Adorer un seul Dieu au-dessus de toutes choses. 2o Ne pas prendre en vain le nom de Dieu pour faire de faux serments. 3o Observer les jours de fête. 4o Honorer ses père et mère. (La glose dit que le roi étant