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trois ans après, qu’instruit par son cousin germain Tieng laktsien, sur tout l’ensemble de la religion chrétienne, il l’embrassa définitivement et se mit avec ferveur à en remplir les devoirs. Lorsqu’on commença à persécuter les chrétiens, il brûla, par crainte, une partie de ses livres, mais n’en continua pas moins à pratiquer la religion en secret. On ne voit pas qu’il ait eu beaucoup de relations publiques avec les chrétiens, ni qu’il ait travaillé à la conversion des infidèles. La lettre de l’évêque de Péking défendant les sacrifices et autres superstitions en l’honneur des parents défunts, n’ébranla pas son courage. Il obéit sur-le-champ, et brûla les tablettes, qui, selon la coutume du pays, étaient conservées dans sa famille. Sur ces entrefaites, dans l’été de l’année sin-haï (1791), sa mère, nommée Kouen, vint à mourir.

La position était délicate. La nouvelle de cette mort allait attirer chez Paul ses parents et amis, pour lui faire leurs compliments de condoléance et pour assister aux sacrifices. Il devait violer sa foi et renier son Dieu au moins extérieurement, ou bien être prêt à affronter les reproches, les injures et les malédictions. Son âme noble et droite ne balança pas sur le parti à prendre. Il revêtit l’habit de deuil, pleura sincèrement sa mère, et fit tout ce que peut suggérer, en pareille circonstance, une piété filiale éclairée et bien entendue. Rien ne manquait à ce qu’exigent l’amour d’un fils pour sa mère et les convenances extérieures, seulement il n’y avait pas eu de sacrifices. Aussitôt les murmures éclatèrent. On ne parla plus que de cet attentat jusqu’alors inouï, surtout de la part d’un enfant noble. La nouvelle s’en répandit au loin, et bientôt, signalé comme impie par tout ce qu’il avait de plus cher, montré au doigt par ses voisins comme un homme qui a renié tous les sentiments de la nature, injurié, menacé d’être traduit comme rebelle à son roi, Paul se trouva à peu près mis au ban de la société.

Mais rien ne put vaincre cette âme généreuse. Paul avait pour soutien sa conscience calme qui ne lui reprochait aucun crime. Il avait l’exemple du divin Sauveur, qui a été poursuivi le premier, par les injures et les calomnies. Il avait surtout la grâce de son Dieu, grâce d’autant plus forte que l’épreuve était plus terrible, et il persista dans sa courageuse profession de foi.

Cette nouvelle parvint aux oreilles de Hong Nak-an-i, et nulle autre ne pouvait lui être plus agréable. Il adressa aussitôt une pétition au premier ministre T’sai, tout-puissant alors, ne demandant rien moins que la peine capitale contre Paul. En