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CHAPITRE IV.

Persécution de 1791. — Martyre de Paul Ioun et de Jacques Kouen.


Après le martyre de Thomas Kim Pem-ou, les clameurs des ennemis de la religion s’étaient un peu calmées, mais leur haine n’était pas éteinte. Ils tramaient toujours de nouveaux complots pour perdre les chrétiens, et ils ne préparaient leurs batteries dans le secret que pour les rendre plus formidables. Deux hommes surtout se montraient les adversaires acharnés de l’Évangile. C’étaient Hong Nak-an-i et Ni Kei-kieng-i. Le premier avait, en 1787 et 1788, publié des lettres violentes contre les chrétiens, et adressé une supplique au roi, pour obtenir un édit de persécution. Le second, ami de Pierre Seng-houn-i et son compagnon d’études, avait d’abord fait cause commune avec les fidèles, mais s’était bientôt retiré, et, en 1788, était allé grossir le parti de Hong Nak-an-i. Appliqués sans cesse à rechercher tout ce qui pouvait favoriser leur projet, ces deux individus épiaient la conduite et les paroles des chrétiens, et n’attendaient qu’une occasion favorable pour exciter une persécution contre eux. Cette occasion se présenta dans l’année sin-haï (1791), lorsque, à la mort de la mère de loun Tsi-t’siong-i, ce chrétien refusa de faire les sacrifices accoutumés.

Paul Ioun Tsi-t’siong-i, appelé encore Ou-iong-i, descendait d’une famille noble originaire de l’île de Hainam. Ses ancêtres avaient souvent occupé des places distinguées, et plusieurs d’entre eux s’étaient fait un nom dans les lettres. Son père, après s’être livré avec succès à l’étude de la médecine, était venu s’établir au village de Tsang-kou-tong, district de Tsin-san, province de Tsien-la. C’est la que naquit Paul Ioun en l’année kei-mio (1759). Dès l’enfance, il se fit remarquer par son intelligence et sa bonne conduite. Il acquit rapidement une réputation de science, qui grandit encore, lorsqu’en l’année kiei-mio (1783), à l’âge de vingt-cinq ans, il obtint aux examens publics le grade appelé tsin-sa (licencié). Pendant l’hiver de l’année suivante, ayant fait un voyage à la capitale, il trouva chez Thomas Kim Pem-ou, deux livres de religion qu’il emporta et dont il prit copie : mais il ne pratiquait pas encore. Ce ne fut qu’environ