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recevoir les sacrements. Enflammés par les récits de Paul Ioun qui leur parlait de églises qu’il avait vues à Péking, des missionnaires européens venus des extrémités de la terre pour propager l’Évangile, des entretiens qu’il avait eus avec eux et des sacrements qu’il avait reçus, ils résolurent d’envoyer une nouvelle lettre à l’évêque de Péking, pour le supplier instamment de leur envoyer des prêtres qui pussent les instruire par la prédication, et les fortifier par l’administration des sacrements. L’occasion était favorable. Une ambassade extraordinaire allait partir pour féliciter l’empereur Kien-long, qui célébrait, au mois de septembre 1790, la quatre-vingtième année de son âge. Paul Ioun reprit donc le chemin de la Chine. Il était accompagné, dans ce second voyage, par un catéchumène nommé Ou, officier du roi de Corée, chargé par ce prince de faire quelques emplètes à Péking. Nos deux députés arrivèrent sans accident, et remirent à l’évêque la lettre de leurs compatriotes.

Outre les instantes prières des néophytes pour obtenir un pasteur, cette lettre contenait aussi plusieurs questions sur les contrats de leur pays, sur les superstitions, sur le culte des ancêtres, et sur quelques autres points difficiles. Après avoir pris sur des matières de cette importance l’avis de missionnaires savants et zélés, l’évêque répondit aux questions des Coréens, leur promit de leur envoyer un prêtre, et leur fit connaître à quelle époque et de quelle manière ce prêtre se présenterait à la frontière, afin qu’ils pussent préparer et faciliter son entrée.

Le catéchumène Ou fut baptisé, et reçut le nom de Jean-Baptiste. On lui remit un calice, un missel, une pierre sacrée, des ornements, et tout ce qui était nécessaire pour la célébration du saint sacrifice. Ou lui apprit aussi à faire du vin avec des raisins, afin que tout fût prêt, à l’arrivée du missionnaire.

Paul et Jean-Baptiste repartirent de Péking au mois d’octobre. Ils arrivèrent heureusement dans leur pays, et rendirent la lettre de l’évêque et les objets qui leur avaient été confiés. L’Église naissante tressaillit de joie, dans l’espérance de posséder bientôt un prêtre, mais la décision sur les superstitions et le culte des ancêtres fut, pour plusieurs, une pierre de scandale et une cause d’apostasie.

Jusqu’alors les néophytes coréens, assidus aux observances chrétiennes qu’ils connaissaient, n’en avaient pas moins continué le culte superstitieux rendu aux parents défunts. L’ignorance et la bonne foi pouvaient les excuser, mais dès ce moment toute participation à de semblables pratiques, sacrifices, cérémonies,