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détail tout ce qui s’était passé en Corée, les joies et les tribulations de la chrétienté naissante. L’arrivée inattendue de Paul causa une joie bien vive dans l’église de Péking. La présence de ce chrétien, venu d’un royaume où jamais aucun prêtre n’avait prêché le nom de Jésus-Christ, et expliquant de quelle manière admirable la foi s’y était propagée, fut le plus doux des spectacles pour les missionnaires et surtout pour l’évêque, Mgr Govea, qui se hâta d’écrire une lettre pastorale à ces nouvelles ouailles que Dieu lui donnait.

Au printemps de l’année kieng-sioul (1790), Paul reprit à la suite de l’ambassade la route de sa patrie. Il avait reçu à Péking les sacrements de Baptême, d’Eucharistie et de Confirmation[1]. Fortifié par ces secours célestes, il sut se tirer adroitement de tous les mauvais pas, passa la frontière sans exciter de soupçon et revint à la capitale, sans s’être attiré aucune fâcheuse affaire.

La réponse de l’évêque était écrite sur une pièce de soie, afin que Paul pût la cacher plus aisément dans ses habits, et l’introduire en Corée d’une manière plus sûre et plus facile. Elle était adressée à Pierre Ni et à Xavier Kouen. Le prélat commençait par exhorter les néophytes à rendre d’immortelles actions de grâces au Dieu très-bon et très-grand, pour l’inestimable bienfait de la vocation à la foi. Il les excitait à la persévérance et à l’emploi des moyens nécessaires pour conserver la grâce de l’Évangile. Venait ensuite une exposition abrégée des dogmes et de la morale chrétienne. Pierre et François-Xavier étaient repris pour s’être ingérés témérairement dans le ministère sacerdotal. L’évêque leur expliquait qu’ils ne pouvaient nullement célébrer les saints mystères et administrer les sacrements, à l’exception du baptême, parce qu’ils n’avaient pas reçu le sacrement de l’Ordre ; mais qu’ils élisaient une action très-agréable à Dieu en instruisant et encourageant les chrétiens, et en convertissant les infidèles. Il les exhortait à persévérer dans cette conduite.

Cette réponse, attendue si longtemps, ne laissait plus aucun doute. Elle fut reçue avec une entière soumission, et chacun se félicita de la prudence qu’on avait eue d’interrompre les fonctions du saint ministère.

Cependant, les chrétiens coréens avaient un grand désir de

  1. Paul fut baptisé à Péking par M. Raux, supérieur des missionnaires Lazaristes français en Chine, le 5 février 1790. Le frère Pansi fut son parrain, et peignit son portrait que l’on envoya à Saint-Lazare. — Nouv. lettres édif., tome V, p. 321. — Ce frère, horloger et mécanicien habile, est nommé Paris dans d’autres documents. — Ann. de la Prop. de la Foi, tome X, p. 127.