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CHAPITRE III.

Premières épreuves. — Rapports de l’Église coréenne avec l’Évêque de Péking.


Quelques jours avant sa mort, Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit : « Si le grain de froment tombant en terre, ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra, et celui qui hait sa vie, la garde pour l’éternité. » Ces paroles divines sont vraies pour tous les hommes, partout et toujours. La foi de chaque chrétien ne s’enracine et ne vit que par la mortification et la souffrance ; la foi de chaque peuple ne s’enracine, ne grandit, ne se développe, qu’arrosée du sang des martyrs.

La nouvelle Église de Corée allait bientôt en faire l’expérience. Mais le Dieu miséricordieux qui proportionne l’épreuve à notre faiblesse, ne permit tout d’abord qu’un commencement de persécution, assez pour avertir les néophytes, et leur montrer ce qu’ils devaient attendre, pas assez pour les décourager. Leur nombre augmentait tous les jours, mais le nombre et la violence de leurs ennemis augmentaient plus rapidement encore. Le roi cependant n’avait jusqu’alors pris aucun parti, et l’affaire dont nous allons parler semble avoir eu lieu sans sa coopération.

Au commencement de l’année eul-sa (1785), un an à peine depuis que l’Évangile avait été introduit en Corée, le ministre des crimes, Kim Hoa-tsin-i, voulut en arrêter les progrès par quelque coup d’éclat, de nature à jeter la terreur dans les esprits. N’osant pas s’attaquer directement aux chefs bien connus des chrétiens, il fit saisir et traduire à son tribunal Kim Pem-ou, nommé Thomas au baptême.

Thomas, né à la capitale, appartenait à une des principales familles d’interprètes. Appliqué aux études et ami de la science, il s’était lié avec Ni Piek-i, et c’est par lui qu’il fut instruit de la religion en 1784. Répondant aussitôt à l’appel de la grâce, il se mit à pratiquer avec ferveur, instruisit et convertit, non-seulement sa famille tout entière, mais encore un certain nombre de ses amis, surtout dans la classe des interprètes.

Appelé devant le ministre des crimes, et sommé de renoncer à sa religion, Thomas, soutenu par la grâce divine, refusa avec