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cependant, et ne manquait aucune occasion d’approfondir et de discuter la doctrine chrétienne. Nous lisons, dans une des premières relations écrites par les chrétiens, qu’au commencement de l’été de 1783, le 15 de la quatrième lune, après avoir séjourné quelque temps à Ma-tsaï, dans la famille Tieng, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de sa sœur, Piek-i monta sur un bateau avec les deux frères Tieng Iak-tsien et Tieng Iak-iong, pour se rendre à la capitale. Pendant le trajet, leurs études philosophiques habituelles furent le sujet de leurs conversations. Les dogmes de l’existence et de l’unité de Dieu, de la création, de la spiritualité et de l’immortalité de l’âme, des peines et des récompenses dans le siècle futur, furent examinés et commentés tour à tour. Les passagers, qui entendaient pour la première fois ces vérités si belles et si consolantes, en étaient surpris et enchantés. Il est très-probable que de semblables conférences se seront souvent renouvelées, mais aucun autre détail ne nous a été conservé.

Dieu permit enfin la réalisation des vœux ardents de ces âmes droites qui cherchaient la vérité avec tant de zèle. Pendant l’hiver de cette même année 1783, Ni Tong-ouk-i fut nommé troisième ambassadeur à la cour de Péking. Son fils Seng-houn-i, l’un des amis intimes de Piek-i, devait l’accompagner dans ce voyage. Disons ici quelques mots de ce dernier qui, pendant plusieurs années, va jouer un rôle important dans l’histoire de l’Église coréenne.

Ni Seng-houn-i, appelé aussi Tsa-siour-i, était de la noble famille des Ni de P’ieng-t’sang. Ses ancêtres remplirent souvent des charges importantes comme mandarins civils, et sa maison jouissait d’une haute réputation. Il naquit en l’année pieng-tsa (1756). Dès l’âge de dix ans, sa capacité précoce s’était déjà révélée, et à vingt ans il s’était fait un nom parmi les lettrés. Voulant marcher sur les traces des saints de son pays, il se lia avec les hommes les plus célèbres par leur science et leurs vertus. Il s’appliquait à régler ses mœurs autant qu’à se perfectionner dans les lettres et les sciences. À l’âge de vingt-quatre ans, en l’année kieng-tsa (1780), il obtint le degré de docteur, et sa réputation augmentait tous les jours.

Piek-i fut comblé de joie en apprenant que Seng-houn-i devait suivre son père dans l’ambassade de Péking. Il alla aussitôt le visiter ; et voici, d’après les documents de l’époque, le discours remarquable qu’il lui tint ; « Ton voyage à Péking est une occasion admirable que le Ciel nous fournit pour connaître la vraie doctrine. Cette doctrine des vrais saints, ainsi que la vraie