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on chercha la solution des questions les plus intéressantes sur le ciel, le monde, la nature humaine, etc. Toutes les opinions des anciens furent rappelées et discutées point par point. On étudia ensuite les livres de morale des grands hommes ; enfin on examina quelques traités de philosophie, de mathématiques et de religion, composés en chinois par les missionnaires européens, et on mit tout le soin possible à en approfondir le sens. Ces livres étaient ceux qu’à diverses reprises les ambassadeurs coréens avaient rapportés de Péking. Un certain nombre de savants en avaient entendu parler, car dans les compositions littéraires qu’il est de mode d’échanger entre Coréens et Chinois, lors de l’ambassade annuelle, on voit, vers cette époque, qu’il est souvent fait allusion aux sciences et à la religion européennes.

Or, parmi ces ouvrages scientifiques, se trouvaient quelques traités élémentaires de religion. C’étaient les livres sur l’existence de Dieu, sur la Providence, sur la spiritualité et l’immortalité de l’âme, et sur la manière de régler ses mœurs en combattant les sept vices capitaux par les vertus contraires. Accoutumés aux théories obscures et souvent contradictoires des livres chinois, ces hommes droits et désireux de connaître la vérité, entrevirent de suite ce qu’il y a de grand, de beau et de rationnel dans la doctrine chrétienne. Les explications leur manquaient pour en acquérir une connaissance complète ; mais ce qu’ils avaient lu suffit pour émouvoir leurs cœurs et éclairer leurs esprits. Immédiatement, ils se mirent à pratiquer tout ce qu’ils pouvaient connaître de la nouvelle religion, se prosternant tous les jours, matin et soir, pour se livrer à la prière. Ayant lu quelque part que, sur les sept jours, on doit en consacrer un tout entier au culte de Dieu, les septième, quatorzième, vingt-unième, et vingt-huitième jours de chaque mois, ils laissaient toute autre affaire pour vaquer uniquement à la méditation, et, en ces jours, observaient l’abstinence ; tout cela dans le plus grand secret, et sans en parlera personne. On ignore pendant combien de temps ils continuèrent ces exercices, mais la suite des événements porte à croire que la plupart n’y furent pas longtemps fidèles.

Une semence précieuse avait été ainsi déposée dans le cœur de Pieki, mais il sentait combien ces premières notions sur la religion étaient insuffisantes, et toutes ses pensées se portaient vers la Chine, où devaient se trouver les livres plus nombreux et plus détaillés nécessaires pour compléter son instruction. Se procurer ces livres était chose bien difficile et plusieurs années s’écoulèrent en tentatives infructueuses. Il ne se décourageait pas