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ment fermé. Le seul fait à citer pendant ce long intervalle, est l’introduction en Corée, à diverses reprises, de quelques livres chrétiens en langue chinoise. Ceci eut lieu au moyen des ambassades que le roi de Corée envoie chaque année en Chine. On conçoit, en effet, que les ambassadeurs coréens et les seigneurs de leur suite, ne pouvaient pas ignorer entièrement l’existence officielle à Péking des missionnaires. D’un autre côté, les Jésuites fixés à la cour impériale, quelque gênés qu’ils fussent dans l’exercice de leur zèle, n’ont certainement pas laissé échapper de pareilles occasions d’entrer en rapport avec les représentants d’un royaume païen non encore évangélisé.

Dans un recueil coréen de documents curieux, on lit qu’en l’année sin-mi (1631), l’ambassadeur Tsieng Tou-ouen-i vit à Pékin un Européen nommé Jean Niouk, âgé de quatre-vingt-dix-sept ans, et jouissant encore d’une santé parfaite. « Il semblait, dit-il, être un des bienheureux sin-sien (les bienheureux immortels de la secte de Lao-tse). » C’était sans doute un des premiers compagnons du P. Ricci. L’ambassadeur reçut de lui beaucoup de livres de science, faits par les Européens, et aussi des objets curieux, tels que pistolets, télescopes, lunettes, horloges, etc.

Ni Siou, surnommé Si-pong, l’un des ancêtres du martyr Charles Ni, et l’un des plus célèbres savants qu’ait eus la Corée, mentionne dans ses écrits l’ouvrage du P. Ricci, intitulé : Tien-tsou-sir-ei, ou Véritables principes sur Dieu, dont il donne une analyse assez exacte. Il parle aussi de la constitution de l’Église sous l’autorité du Souverain Pontife.

En l’an kieng-tsa (1720), l’ambassadeur Ni I-mieng-i vit aussi à Péking plusieurs missionnaires, et eut avec eux des conférences sur les questions religieuses. Il raconte qu’il a trouvé l’enseignement chrétien sur la mortification des mauvais instincts et la purification du cœur, assez semblable aux théories de la religion des lettrés ; il croit voir dans le mystère de l’incarnation une des doctrines de Fo, et assure qu’il ne faut nullement placer cette nouvelle religion au même rang que la secte de Lao-tse.

Ni Ik-i, surnommé Seng-ho, parle aussi de la religion dans ses livres. D’après lui, le Dieu des chrétiens n’est pas autre que le Siang-tiei des lettrés (le chang-ti des Chinois). La doctrine du paradis et de l’enfer lui semble empruntée au système de Fo. Il a aussi quelques mots sur les sept vertus, opposées aux sept péchés capitaux.

La lecture de quelques livres chrétiens, les rapports nécessairement très-rares et très-limités des ambassadeurs avec les