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raconta ses peines et ses aventures ; celui-ci l’amena sur-le-champ au collège des Jésuites, où on l’instruisit des mystères de la religion. Comme son cœur était déjà préparé à recevoir la divine semence, il crut sans hésiter, goûta sans peine la sainte morale de l’Évangile, et demanda aussitôt le baptême. On ne pensa pas devoir le soumettre à une plus longue épreuve, et la grâce du sacrement produisit dans une âme si bien disposée des effets admirables. Pendant qu’on l’instruisait, un des Pères lui montra un tableau représentant Notre-Seigneur : « Oh ! voilà, s’écria-t-il, voilà celui qui m’a apparu dans ma caverne, et qui m’a prédit tout ce qui m’est arrivé. » Il se mit à la suite des missionnaires et se consacra au soin des malades, surtout des lépreux. Il n’est point de vertu dont cette âme prédestinée n’ait donné l’exemple : mortifications presque excessives, charité pour les malheureux, soins empressés pour les missionnaires, dont il partageait les travaux et les dangers, zèle pour le salut des âmes, etc… Rien n’était au-dessus de ses forces, lorsqu’il fallait témoigner de la reconnaissance pour un Dieu qui l’avait prévenu de tant de grâces, avant même qu’il pût connaître et apprécier ses dons. En 1614, il suivit aux Philippines, Ukandono, général des armées du Japon, qui était exilé pour la foi. Après la mort de ce grand homme, il retourna au Japon, et reprit ses fonctions de catéchiste. La persécution prenant tous les jours un caractère plus effrayant, il se crut obligé de redoubler de ferveur ; il multiplia ses austérités et ses oraisons. Dieu récompensa tant de vertus par un glorieux martyre. Le néophyte étant allé un jour, selon sa coutume, visiter les confesseurs de la foi, se déclara lui-même chrétien et catéchiste ; il fut arrêté sur-le-champ et conduit dans les prisons de Nangasaki, où il eut beaucoup à souffrir. On le condamna à être brûlé à petit feu, supplice horrible, qu’il subit avec une constance admirable.

Vincent Kouan-Cafioïe, qui, en 1626, souffrit le martyre avec plusieurs des PP. Jésuites, était fils d’un des principaux officiers du roi de Corée. Ce seigneur, allant combattre les Japonais, confia son fils à une personne sûre, pour le conduire avec toute sa famille dans un château inaccessible ; mais Dieu qui voulait faire de Cafioïe un chrétien et un martyr, permit qu’il s’égarât en route et se trouvât par hasard assez près de l’armée japonaise. Bien loin d’en être effrayé, le jeune Cafioïe qui avait à peine treize ans, voulut, par une curiosité bien naturelle à son âge, la voir de plus près ; et, sans penser à quoi il s’exposait, il alla droit à la tente d’Augustin, roi de Fingo, général en chef. Ce prince