Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le taux de l’argent est énorme en Corée. Celui qui le prête à trente pour cent est censé le donner pour rien. Le plus habituellement on réclame cinquante, soixante, quelquefois même cent pour cent. Il est juste de dire que la rente de la terre, qui doit servir de point de départ pour apprécier le taux de l’argent, est en ce pays relativement considérable. Dans les bonnes années, le cultivateur tire de ses champs environ trente pour cent de la valeur du fonds.

D’après les anciennes traditions du pays, il paraît que les rois des dynasties précédentes avaient une monnaie de papier, de la forme d’un fer de flèche, d’une valeur d’environ trois feuilles de papier. Après la soumission de la Corée par la dynastie mandchoue de Péking, le droit de battre monnaie fut retiré aux rois coréens. Le premier qui osa en frapper, malgré le texte des traités, paraît avoir été Souk-tsong (qui mourut en 1720, après un règne de quarante-deux ans. Aujourd’hui, le droit est acquis par une longue prescription, et le gouvernement en use et abuse. Dans ces dernières années on en frappe continuellement, mais elle est de plus en plus altérée. Tandis que les anciennes sapèques étaient de cuivre, avec un alliage minime, les nouvelles ne sont presque que du plomb, et se détériorent rapidement. Ce n’est pas le gouvernement qui y gagne, car il fournit aux fondeurs la quantité de cuivre voulue ; mais ceux-ci remplacent le cuivre par du plomb et partagent le bénéfice, soit avec le ministre des finances, soit avec le fonctionnaire spécialement chargé de la vérification.

Une autre entrave aux transactions commerciales, c’est le triste état des voies de communication. Les rivières navigables sont très-rares en Corée ; quelques unes seulement portent bateau, et cela dans une partie fort restreinte de leur cours. D’un autre côté, l’art de faire des routes, dans ce pays de montagnes et de vallées, est à peu près inconnu. Aussi presque tous les transports se font, soit à dos de bœufs ou de chevaux, soit à dos d’hommes.

« Les routes, écrit Mgr Daveluy, se divisent, théoriquement du moins, en trois classes. Celles de première classe que je traduis par routes royales, ont généralement une largeur suffisante pour quatre hommes de front. Comme il n’y a pas de voitures en province, c’est tout ce qu’il faut pour les piétons et cavaliers. Elles sont bonnes ou mauvaises suivant la saison. Mais il arrive fréquemment qu’elles sont diminuées des trois quarts par quelque grosse pierre ou fragment de rocher, ou parce que la pluie a emporté une partie du chemin. Personne, naturellement, ne songe