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Mgr Ferréol, troisième vicaire apostolique de Corée, après de longues souffrances qui l’avaient réduit à l’extrémité, fut guéri de la pierre, en quelques heures, par un médecin chinois. Mais la formule de ce remède est un secret soigneusement gardé par ceux qui le possèdent. La règle générale est de donner les remèdes en potion ; les exceptions sont rares. On fait bouillir ensemble jusqu’à vingt ou trente espèces de plantes, et on mêle à la décoction diverses matières plus ou moins sales et rebutantes, dont on ne cherche d’ailleurs aucunement à déguiser le nom sous un travestissement plus ou moins scientifique. Les confortants sont d’un usage continuel. Le plus ordinaire est le consommé de viande, que les Coréens excellent à préparer. Il y en a deux autres qui méritent une mention particulière : le gen-seng dont nous avons parlé plus haut, et la corne de cerf.

La corne de cerf a, dit-on, des effets restauratifs plus durables que le gen-seng ; sa force varie selon la région où vit l’animal. Les Coréens estiment peu celle qui vient de Chine ou des provinces septentrionales (Ham-kieng et Pieng-an). La meilleure est, disent-ils, celle qui provient du Kang-ouen ; encore fait-on une distinction entre les différents districts de cette province. Le cerf doit être abattu au moment où les bois croissent, et avant qu’ils soient durcis, autrement les effets du remède seraient nuls. On coupe la tête de l’animal, et on la maintient renversée pendant dix ou douze heures, afin que toute la vertu du sang passe dans les cornes, puis on les fait sécher sur un feu doux avec toutes les précautions possibles. Pour s’en servir, on racle un peu cette corne, on la mélange avec le jus de quelques plantes, et on l’administre au malade. Mgr Daveluy atteste qu’il a usé fréquemment de ce remède pendant de longues années d’épuisement, et qu’il en a ressenti d’excellents effets. Le sang de cerf, pris chaud, passe aussi pour donner à tous les membres une vie et une force extraordinaires. « Quand on en a bu, disaient des chasseurs chrétiens à un missionnaire, les montagnes les plus escarpées semblent une plaine, et l’on ferait le tour du royaume sans aucune fatigue. »

Un autre moyen curatif dont il convient de dire un mot, c’est l’acupuncture. Elle consiste, pour les médecins coréens, à percer d’un coup de lancette divers points du corps, afin de rétablir la machine dans son équilibre naturel. Il existe des traités spéciaux sur cette partie de l’art chirurgical, la seule connue des Coréens ; ils savent même fabriquer avec du fil de fer des modèles du corps humain, afin d’indiquer exactement aux étudiants les endroits où